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Journal de liberté

Par rewinder

392 réponses


rewinder - 11/01/2024 à 10h13

Salut La Horde,

J'ai une nouvelle pour vous : Sparadrap est pratiquement terminé... Je n'ai plus qu'à écrire le chapitre sur ma cure, et un court chapitre sur aujourd'hui. Ensuite, direction les deux éditeurs que j'ai choisi. Je dois à un certains nombres d'etre vous d'avoir continuer ce travail, à vos encouragements notamment. J'espére juste maintenant que je vais avoir la chance de tomber sur un éditeur qui soit, lui aussi, un ex addict....

Pour finir, je vous livre un dernier chapitre, qui raconte la fois ou j'aurais pu prendre conscience qu'il y avait un problème...mais non, en fait.

La bise à tout le monde et à bientot !


Last night a gendarme saved (presque) ma life

Samedi 2 mars 2002. La trésorière de l’association d’insertion m’a demandé un coup de main : son fils fête ses 18 ans, elle a réservé la grande salle du siège social de l’association pour y organiser un raout. Elle m’a demandé si j’acceptais de lui prêter mon matériel de sono : j’ai accepté, à la condition d’être celui qui l’installerait.
Dans la fin de l’après-midi, je me rends sur les lieux de l’action. Les jeunes y sont déjà rassemblés, et l’alcool coule à flot. J’installe la sono en buvant un, puis deux, puis trois whisky coca.
Vers 19h30, je reprends la route, ce soir là je dors chez mon amie Isabelle. Je rentre par ce qu’on appelle une « route à 4 gramme » dans le doux langage des fétards habitués à faire n’importe quoi : preuve que je suis conscient d’avoir dépassé la dose raisonnable. Mais rien à faire, je dois traverser un village, aucun moyen de l’éviter.
Et là, a un carrefour, trois gendarmes du Peloton de Sécurité et d’Intervention de la Gendarmerie. L’un d’eux s’avance, m’intime du geste l’ordre de me ranger sur le côté. J’obtempère, je baisse la vitre. Mon haleine doit être significative, car le gendarme me dit, aussitôt après m’avoir salué : « Oula. Vous avez pris de l’alcool récemment, monsieur ? C’est u contrôle d’alcoolémie. Vous allez reculer un peu et vous garer sur le côté, s’il vous plait »
Je me rappelle encore - plus exactement, je crois que mon corps se rappelle encore le bain glacial dans lequel j’ai eu l’impression d’être brutalement trempé. Dans ma petite tête, l’association d’idée « perte de point / perte de permis / impossibilité d’aller travailler / plus d’argent / dans la merde totale » se fait à la vitesse de l’éclair.
La suite ? Classique. Je me gare, descends du véhicule, souffle dans le ballon qui vire au rouge. Le gendarme me fait marcher quelques pas, histoire d’évaluer l’état des dégâts. Je reste calme, je réponds à chaque question. Le sous off en charge du peloton, le gendarme K., voit bien que je suis blanc. Il décide de m’emmener à la gendarmerie, pour confirmer par une prise de sang ma consommation excessive d’alcool. Je ne fais aucune difficulté. L’un des gendarme gare proprement ma voiture sur une place voisine. Je monte avec eux dans l’estafette, assis à l’arrière avec l’un des gendarmes.
A la gendarmerie, la prise de sang confirme la situation, je suis à 0,52. Lors de l’établissement du procès verbal, je confirme les faits - je ne mens que pour limiter le nombre de whisky absorbés à deux au lieu de trois. Mais surtout, je reconnais avoir merdé. Ce n’est pas une stratégie : c’est une prise de conscience. C’est à moi que j’avoue les choses, avant tout. Le gendarme K. est un peu surpris. « C’est une bonne chose que vous réagissiez comme ça, monsieur. On ne voit pas ça très souvent. »

Devant le juge, quelques semaines plus tard, j’aurais la même attitude. Et quand il va me proposer cette bouffonnerie légale qu’est le permis blanc (vous avez le droit de rouler bourré, mais seulement le week-end), encore en vigueur à ce moment là, je refuse. « Je me connais, monsieur le juge. Je ne comprends qu’avec des claques. Je me suis organisé, j’ai acheté un scooter, je vais faire les trajets comme ça » .
Le juge est étonné, et un peu septique : « en pleine hiver ? 160 kilomètres en scooter tous les jours ? Vous êtes sur ? » Sur je suis. Je sors donc avec un retrait de permis de 3 mois. Je pourrais récupérer mon permis le 2 juin. Mais je ne le récupérerais pas le 2 juin. Parce que la prise de conscience n’a pas survécu à quelques semaines après le procès.


Je considère depuis longtemps l’humour comme étant l’une des formes les plus élaborées de l’intelligence. J’ai un petit répertoire de quelques histoires drôles qui ont à mes yeux des vertus pédagogiques. Dont celle-ci.

Elle se passe au milieu du vingtième siècle, en Italie, dans un des ces villages installé sur les berges du Pô, subissant régulièrement ses crues . Le capitaine des pompiers, ayant appris des autorités que l’une d’entre elles s’annonçait, vient voir le vieux curé de l’église. « Mon père, il pleut depuis déjà huit jours, et le fleuve monte dangereusement. Demain, nous évacuons le village. Viendrez-vous avec nous ? »
Le vieux curé sourit : « mon fils, si l’eau monte et menace ma vie, Dieu me portera secours, n’ayez crainte ».
Le capitaine des pompiers s’en va. Le lendemain, alors qu’il évacue le village, il refait une tentative : « mon père, vous êtes sur que vous ne voulez pas venir ? La crue a déjà détruit deux villages en amont. Ca serait plus sur ! » De nouveau, le vieux curé sourit : » mon fils, si l’eau monte et menace ma vie, Dieu me portera secours, n’ayez crainte ».
Le capitaine s’en va et fait procéder à l’évacuation. Le lendemain, l’eau submerge le village, et l’église. Péniblement, à l’aide d’un bateau, et en prenant tout les risque, le capitaine des pompiers atteint le clocher de l’église, où le vieux curé s’est réfugié. « Mon père, maintenant il faut venir avec moi ! La pluie ne s’arrete pas, le fleuve va encore grossir de trois mètres au moins, et vous serez noyés ! » Et là encore, le vieux curé sourit : » mon fils, si l’eau monte et menace ma vie, Dieu m’enverra secours, n’ayez crainte ».
La nuit même l’eau monte, submerge le clocher, et emporte le vieux curé qui se noie dans l’eau glacée. Il arrive illico au Paradis, et, devant Saint Pierre, demande d’un ton ferme à voir la direction séance tenante. Dieu apparait alors, et le vieux curé s’indigne ! « O Tout puissant ! J’ai consacré ma vie à te servir, j’ai suivi à la lettre tout tes commandements ! Et quand j’ai eu besoin de toi, tu n’as rien fait ! »
Alors, Dieu tonne : « Mais nom de moi de bordel de moi ! TROIS FOIS, je t’ai envoyé le capitaine des pompiers ! »


Voilà. Mon capitaine des pompiers était le maréchal des logis chef K. Il est venu, et m’a dit « votre consommation d’alcool vous rend dangereux pour les autres et pour vous même ». Or, un comportement « dangereux pour les autres ou pour soi même, c’est précisément ainsi que Georges Canguilhem définissait un comportement pathologique. Le Margis Chef K. a été le premier à me dire, dans le cadre du mandat que lui a donné la société, que ma relation à l’alcool relevait de la maladie. Il m’a prévenu que l’eau montait.

Pendant quelques semaines, j’ai intégré ce message, cessé de boire. Et puis, comme le dit Frédéric, l’un des addictologues que j’ai rencontré en 2022 « la substance a gagné ». Je me suis dit « oh puis merde, c’est pas si grave », et je suis remonté dans mon foutu clocher à attendre que la crue m’emporte.
Le capitaine des pompiers est revenu une seconde fois, en 2020, à l’occasion d’une recherche sur internet. Cette fois là, je l’ai écouté, et je suis monté dans le bateau de la guérison - même si il a chaviré quelques fois.

Je n’aime pas les « et si », avec lesquels, comme disait Piaf, « on aurait pu mettre Paris en bouteille ». Mais qu’aurait été ma vie si j’avais définitivement intégré l’avertissement donné par le Margis-Chef K. ?

Liv - 12/01/2024 à 08h25

Chers amis,

Si vous vous êtes demandés si, cette fois-ci, pas de nouvelle voulait dire pas bonne nouvelle, vous avez un peu raison, mais un peu tort aussi. J'ai dérapé. 2 fois. Ça, c'est la mauvaise nouvelle. La bonne est que je n'ai pas réglissé dedans. Les deux fois, juste après avoir cédé à la tentation, j'ai réagi, une fois, un peu avant Noël, de manière volontaire, la deuxième, il y a quelques jours, par chance.

"Qu'est-ce que tu es en train de faire, bon sang! ", a crié une voix au fond de mon âme la première fois. J'ai fuis l'endroit. Et j'ai appelé mon mari. Je lui ai dit, immédiatement. Trop de fois, par le passé, j'ai voulu me convaincre que je pouvais gérer, et que "ce n'était pas grande chose". Bêtises. Si je cache la poussière sous le tapis, elle va m'exploser en pleine figure. J'ai le sais bien aujourd'hui. J'ai appelé à l'aide et mon psy a été simplement formidabile. Le soir, à 19h, il se donne disponible le lendemain matin à 7h30 par téléphone. J'ai un psy en or. Il a trouvé les mots, m'a permis de comprendre ce qu'il s'était passé. Et de réagir vite. J'ai repris les commandes. Grâce à lui, j'ai pu organiser des journées en me redonnant de la place. La période était saturée, je ne respirais plus, ce qui explique le dérapage. Le lendemain et les jours suivants j'ai repris mon abstinence "habituelle", assez facilement, en avançant un pas à la fois.

Puis, il y a quelques jours, deuxième épisode. De nouveau, je craque, mais cette fois-ci, l'air de rien, comme si je n'avais jamais arrêté, comme si consommer était encore min habitude. Cette fois-là j'ai eu de la chance. En fait, je me rends compte que je suis précisément en train d'oublier mon rdv psy qui, pour une fois, j'avais prévu d'avance. C'était le lendemain de la fin de la période surchargée et, d'expérience, je sais que le contrecoup me fait toujours vaciller. Et j'avais fixé le rdv en prévision. Sage femme que je suis parfois. Je suis allée à mon rdv presque malgré moi. En fait, j'étais dans une bulle, un état second, celui de mon passé. Le rdv prévu m'a obligée à en sortir et, comme la première fois, quand la lumière s'est rallumée, j'ai pu redresser, de nouveau la barre. Cette dernière fois, j'ai eu de la chance.

Si je ne vous ai pas écrit plus tôt, ce n'est pas par honte, je crois. J'avais eu le sentiment d'avoir besoin de rester seule avec moi-même quelques temps. Le temps de faire le point. Mais au vu du deuxième dérapage, je me dis qu'il vaut peut-être mieux que je partage ça avec vous, pour garder bien en tête ce qu'il se passe.

Je suis encore debout. Je suis en train de traverser l'une des années les plus intenses de ma vie, professionnellement parlant, et je suis fière d'avoir su gérer, tant bien que mal.

Je vais me remettre dans la conversation, mais je tenais d'abord à donner de nouvelles.

Bonne année cher Rewinder, bonne année à tous, et bonne année à nos chers modérateurs qui, patiemment et inlassablement, font ce travail formidable pour nous.

rewinder - 12/01/2024 à 12h11

Liv,

Merci de donner ces nouvelles. Permet-moi de les trouver bonnes, ces nouvelles. Parce que si tu as fait l'expérience de la rechute, tu as surtout fait l'expérience de ta capacité à te relever aussitôt. Fais deux gros poutous de ma part à ton mari et à ton/ta psy qui ont assurés . Et à toi, chère ami, je fais une profonde et chaleureuse révérence, pour ta capacité à rester debout.
Maintenant ne va pas surestimer tes pouvoirs de super-héroïne : tu as su te relever deux fois, c'est pas pour autant que tu est obligée de t'abonner à la chute...

La bise à tout le monde, et à tobien !

Gaju - 12/01/2024 à 15h20

Bonjour a tous,


Je suis nouvelle...la plume de rewinder m'a fait du bien et me parle.
Je veux devenir sobre. Dernière consommation mercredi soir. Mon problème est que je consomme quand je suis au tel et du coup je ne me rends pas compte de tout ce que je consomme ( c'est comme ceux qui marche en rond autour de leur table en téléphonant). Bien évidemment ensuite suit la honte et la culpabilité.
J'ai donc du mal a m'arrêter une fois commencé. Mais j'ai aussi des activités auxquelles j'ai associé l'alcool. Faire la cuisine= consommer un verre. Parfois c'est un verre, parfois c'est plus.
Je me rends compte que c'est difficile de témoigner. J'écris et je me dis mais quand même sans déconner, c'est vraiment pas glorieux. C'est pas compliqué de s'arrêter à verres non ?
Je consomme également pour gérer le stress. Et parfois donc je provoque l'occasion de boire: une invitation, un coup de fil.
Je ne veux pas consulter car j'ai honte d'en parler. Mais vraiment honte. Mon mari par contre est informé et me soutient à 100% sans jamais me juger mais au contraire toujours à m'ecourager.
Je peux ne pas consommer pdt plusieurs jours . Je n ai pas de signes de sevrage, au contraire je suis heureuse et fière. Mais au bout de quelques jours je me dit "ah. Ah voilà j'ai réussi donc c'est que je peux contrôle" mais en fait ça tient dans le raisonnable 15 jours et bim de nouveau un épisode où c'était trop.

Voilà j'espère un jour me libérer de tout cela.
Merci à tous pour vos témoignages. Cela est très aidant

Bonne journée !

Olivier 54150 - 12/01/2024 à 15h35

Bonjour tout le monde et bonne année.

Bravo Liv. Bravo pour cette réactivité.
Il s'agit celons le langage d'addictologue de realcoolisation et non de rechutes...
La rechute serait de reboire comme avant, voir pire avec la plupart du temps, des difficultés multiplier pour en ressortir.

Beau joker qu'est ton psy. C'était vraiment la bonne façon je crois. À toi peut-etre de faire perdurer ces séances salvatrices.

Lorsque je consultais, après chaque rdv je faisais un compte rendu de ma consultation par écrit, pour moi, pour ne pas en perdre une miette, pour ne pas oublier. J'ai même imprimé des photos symbolisant chaque séance pour afficher chez moi... Un iceberg pour le sujet de la conscience , un barrage pour celui des émotions...etc
Une façon peut-etre de devenir mon propre psy, d'être un peu plus autonome avec mon processus de pensé.

Et puis Bernard Werber l'a dit: écrire un livre c'est comme 25 ans de thérapie, je pense que Rewinder sera d'accord happy

J'ai écrit le mien, en chantier depuis 20 ans et dans un tiroirs où il cri "fini moi, fini moi", il me manque l'énergie pour ça mais je sais qu'il m'a déjà sauvé la vie. C'est l'histoire de Justin et le titre est "Justin vers la sobriété" .
Mais bon, j'écris quand même, surtout je lis, chaque jour, des témoignages autour de l'alcool à travers un groupe fb bien sympathique. Je radote sûrement mais je crois que c'est primordial de rester connecté avec le non alcool d'une manière ou d'une autre...groupe, écriture, livre, vidéo...de façon assidu.
Pour arrêté de boire il faut en faire son histoire. Là c'est sûr, je radote big-smile
Bref, c'est ce que je pense, pas la vérité.
Bon week-end à tous.
Oliv

rewinder - 13/01/2024 à 14h27

Gaju, plusieurs choses :
1°) Il y a des degrés dans l'alcoolisme, tu l'as très bien compris par toi-même : tu parvins sans problème à ne pas boire pendant plusieurs jour, ce qui veut dire que tu n'auras pas à traverser les joies du sevrage, comme tu t'en es rendu compte. Mais "c'est compliqué de ne pas boire plus de deux verres". Tu es "entre deux eaux" (enfin, eau, on se comprend...) , disons que tu as un souci avec l'alcool, vous n'êtes pas çà égalité lui et toi, mais tu n'es pas encore complétement dépendante de lui.
2°) Ca veut dire que tu peux peut-être bien avoir la chance de rétablir les choses, de rétablir une relation avec l'lccol ou c'est toujours toi qui décide, et jamais lui. Une relation où c'est TOUJOURS toi la patronne. Mais ca nécessitera à mon avis deux choses : d'une part que tu t'impose quand même une période de sobriété totale d'au moins six mois, peut-être m^me une année, pour virer la "mémoire de la molécule". D'autre part que, quand tu reprendra - si tu reprend, parce que peut-être te sera tu apercu des trés bons côtés de la vie sobre - tu t'imposes toujours dés régles strictes, par exemple celles des normes OMS : pas plus de 10 verres par semaine, avec max 2 verres par jours, et au moins deux jours à jeun dans la semaine. A ces condtitions là, tu pourras profiter de bons alcools, ce qui serait la troisième régle : boire par gastronomie, pas pour être ivre.
3°) Tu as un mari intelligent, c'est génial, mes respects à lui. Mais tu devrais passer au dela de ta "honte d'en parler" : un addicto ne juge jamais, sinon il ne ferait pas ce métier, crois moi. Les addictos sont des gens précieux, qui peuvent t'apporter des réponses précises. Ton généraliste, si tu en as un bon, peut également t'aider.

Voilà Gaju, bienvenue dans La Horde des amoureux de la liberté, nous aussi on est là pour toi, et je n'oublie pas le chat et le téléphone d'AIS, qui m'ont bien aidé, au début, quand j'avais moi aussi honte de parler. Get up, stand up, don't give up the fight !

Liv - 30/01/2024 à 16h12

Cher Rewinder,
Je vais faire court. Je perds la bataille. Je dégrangole tellement que j'ai du mal à considérer que je ne suis pas en train de replonger. ça me coute cher même d'écrire. Je n'ai rien lu de ce que vous avez écrit dernièrement.
Je suis en train de lâcher.
Je ne sais même pas si c'est un vrai appel à l'aide puisque je voudrais juste qu'on me fiche la paix. Et en même temps, si j'ai ouvert le site, c'est qu'une petite partie de moi n'est pas d'accord, n'est-ce pas?
Je ne sais plus quoi dire. Il y aurait tant à faire pour me reprendre mais le boulot, le boulot, encore le boulot. Tout ça est toxique. Et j'en ai marre de faire des promesses à moi même que je ne tiens pas.
A bientôt. Je reviens vous lire quand je trouve la force.
J'espère que vous allez bien. Ne faites pas comme moi. Prenez soin de vous, de votre bien-être. Regardez où mène le contraire. Quel m***ier.

Liv - 30/01/2024 à 22h30

Bon,
Rewinder, Mes chers amis. Je me contredis presque par rapport à mon dernier post mais je rebondis. J’essaie. Si je suis si lunatique c’est que quand je consomme je déteste la terre entière et moi-même la première et que je ne veux rien savoir, rien entendre. Mais j’ai pu sortir du tourbillon d'aujourd'hui. Mine de rien je fais aujourd’hui des choses que je ne faisais pas avant l'été dernier. Je me suis encore empêché de faire l’autruche comme une grande partie de moi aurait voulu si ardemment le faire. Ça ne fait pas tout, mais c'est déjà beaucoup.

Déjà, vous écrire. Dur, très dur, précisément parce que, quand j'y suis, la majorité des voix dans ma tête vote pour ne plus vouloir arrêter. Mais la minorité fait un coup d'État à un coût surhumain et m'oblige à l'évidence. D’une manière ou d’une autre, je n’en veux plus de ma vie d’avant. C’est non. Si ce n’était pas ça le fond de ma pensée, je ne serais pas venue aujourd’hui.

Puis confesser (encore), tout de suite, dès que j’ai eu une seconde de lucidité, à mon mari. Pourtant aujourd’hui j’aurais tué pour ne pas le faire. C’est lui avouer que je suis en train d’échouer. Que dans mon abstinence, je ne suis pas parfaite. Que non, ce n'est pas fini. Et mon syndrome de première de la classe n’est pas content, d'autant plus que, une fois dit, je suis obligée de réagir, ce que, de base, je ne voulais pas faire. Je m’y suis obligée.

J’avais déjà pris rendez-vous avec mon psy plus tôt dans la journée, pour demain, avant de reconsommer. Trop tard visiblement, la vague arrivait déjà.
Le sage mari que j’ai à mes côtés m’a littéralement enjoint de quitter mon bureau où je « travaillais » depuis chez moi. Il s’est assuré que je sorte prendre l’air, sans portefeuille et à pied. Une heure d’air. En sortant je me suis demandé quand c’était la dernière fois que je suis sortie juste comme ça, pour faire deux pas, au lieu de courir à droite ou à gauche. Ça ne m’étonne pas du tout ces realcoolisations des derniers temps (merci Olivier pour la précision terminologique, ça m’aide à faire la part des choses). Les causes sont même extrêmement claires. Ce qui m’embête est que je n’arrive à rien mettre en œuvre de ce qui m’aiderait. Trop peur de ne pas tenir mes délais professionnels. Mais quand je vois le temps que je peux perdre en m'évadant dans des séries, je me dis que, vraiment, si j’arrivais à moins procrastiner je pourrais me permettre une heure constructive pour moi quelques fois par semaine. Ça serait déjà très bien par rapport à maintenant.

Pendant cette heure d'air, j’ai fait le point sur ce qui me manque pour prendre soin de moi au minimum. Sans me mettre des objectifs de contrôle absolu, je veux insérer un tout petit quelque chose chaque jour, comme écrire ici, une fois, préparer des biscuits, une autre.

En revanche, je dois refaire attention à la petite voix, tous les jours pendant un temps. Je ne veux pas arrêter mon compteur et j’ai négocié avec moi-même. Si maintenant j’arrive à remettre les niveaux à zéro, mais vraiment à zéro, je laisserai le compteur tourner. Ce sera ma récompense. Je pourrai me dire, le 14 juillet prochain : « Punaise, quelle année ! J’ai perdu quelques batailles, mais je sors vainqueure de l’année ». Mais je veux compter un par un les 30 prochains jours, peut-être plus. Le premier jour a commencé cet après-midi, à 16h00, quand j’ai écrit à mon mari. Je ne sais pas si j’arriverai à être régulière ici, mais j’écrirai tous les jours dans un carnet, pour garder mémoire, pour reancrer en moi la priorité de l’abstinence. Au passage, aujourd’hui j’ai craqué parce que je ne voulais plus travailler mais que je ne me suis pas autorisée à arrêter. Je suis allée chercher une bouteille et je l’ai ramenée sur mon bureau chez moi. Un classique pour moi. C’est difficile de m’autoriser à arrêter de bosser quand je sens que je vacille, parce que les impératifs professionnels pressent. J’ai donné priorité au travail et je ne sais vraiment pas comment faire pour faire autrement. La clef est peut-être dans le fait d’y arriver plus calme à ces journées de travail.

Votre présence dans ce monde et dans ce forum est importante pour moi à un point que je n’aurais jamais imaginé. En vous lisant et relisant, je vois en Rewinder et en Olivier, deux personnes d’une grande intelligence. Je mesure la chance que j’ai à pouvoir profiter de vos regards. Qu’est-ce que ça m’aide de pouvoir vous écrire, et même quand je n’y arrive pas, de vous savoir là, quelque part, dans ce monde.

Olivier, je viens de télécharger « Les vertus de l’échec », je sens que cette lecture me fera beaucoup de bien. J'ai aussi bien relu tes autres bons conseils dans le même post. Je ne sais pas si je t'en avais remercié, mais ils sont particulièrement justes et sensés pour moi.

Rewinder, je n’ai pas eu l’occasion de te dire combien je suis fière que tu aies terminé Sparadrap. Ce sera une pépite pour nous tous dans ce bas monde et si tu trouves un éditeur intelligent, il ne te loupera pas. Je ne peux pas croire qu’il faille tomber sur un ex-addict, d’autant plus que ton humour rend accro. Oui, bon d’accord, le terrain est fertile. Mais quand même ! big-smile Est-il envoyé d’ailleurs ?
Et je comprends tellement ta détestation pour ceux qui retouchent ni vu ni connu ton travail, que tu avais réfléchi et patiemment construit. Je vacille quand j’écris mes trucs de boulot, car la critique est inévitable. C’est une bonne chose, puisque l’échange naît de là, ce qui permet à la réflexion d’avancer. Mais il n’empêche qu’il y a toute mon âme et le meilleur de mon savoir-faire là-dedans.

rewinder - 31/01/2024 à 12h10

Salut Liv',

Je me retrouve dans tes deux messages successifs... Celui écrit "sous influence", alors que tu t'étais réalcoolisée. Et puis l'autre, écrit sobre. C'est ça, le parcours qui mène jusqu'à la sobriété définitive (même si jamais acquise), cette transition vers la conscience. On passe de moments de découragements à des moments où l'on retrouve en soi une force, une fierté, une oasis de conscience.
Tu parles, pour la première fois je crois, de procrastination, mécanisme que je connaissais fort bien : j'étais débordé de taf, je picolais pour supporter la pression, et une fois alcoolisé, je matais des séries d'une part parce que je n'étais plus capable de faire grand chose d'autre, mais aussi parce que la petite voix débile de la gnole me disait "Profiiiiites, t'inquiètes pas, tu mettras un coup d'accélérateur demain, et tu rattraperas le truc" . Une vis sans fin, qui te fait descendre les niveaux les uns après les autres.
Tu as un mari effectivement trés sage, son idée de "t'envoyer promener" était juste excellente. Une idée concernant ton psy : les difficultés actuelles mériteraient peut-être que, pendant quelques mois, tu cales un rendez-vous régulier avec lui/elle, quitte même à faire toute les semaine en ce moment.
Tu le dis tres justement, c'est en ce moment que tu aurais besoin d'aide, et c'est difficile : le psy à intervalle régulier est peut-être la meilleure solution. Si tu n'habites pas trop loin d'une grand ville, il peut y avoir un CAPSA (centre d'aide addictologie) ou une équipe ELSA dans ton hopital de proximité. Ce sont des pros, spécialisés dans l'addiction.
Et puis sinon on est là, effectivement, et on pense à toi.

Deux dernieres choses : "je ne perds jamais : je gagne ou j'apprends", disait Nelson Mandela. Et ensuite : écris, à ton mari, à toi, à nous, mais écris, c'est un outil puissant.

Get up, stap up, don't give up the fight

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