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Parents en détresse

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Notre fils se drogue depuis 10 ans ,il en a 37 .Il a commencé par l'héroïne pendant 1 an,puis à cause je dis bien à cause d'un généraliste ou de plusieurs ,pour qu'il arrête ,on lui a prescrit du subutex et du xanax.Bien évidemment il a fini par se l'injecter.Il a failli perdre un bras car il a fait une infection.Il est sur le point de perdre sa deuxième amie qui compte énormément pour lui car il a fait une crise de nerf chez lui et a tout cassé devant elle .Elle a eu très peur ,il n'avait jamais été aussi violent.Elle a réussi à le calmer mais ne veut plus le voir.Pourtant elle m'a dit que c'était le grand amour de sa vie.Il a comprit qu'il ne pouvait plus continuer ainsi et a décidé de rentrer à l'hopital pour se sevrer du geste de l'injection.Chose sois-disant faite en une semaine .Il est ressorti avec un courage et un moral d'acier.Le traitement de sevrage commence à la maison avec lui.Il prend toujours 3/4 de subutex 2MG le matin et la même chose le soir,puis 2 xanax le matin et 2 le soir.Nous avons toujours été très proche de lui,et ce n'est pas notre premier essai.Je dois vous dire que je ne comprends pas qu'un généraliste puisse prescrire ces drogues (légales) tout en sachant ,ils ont quelques années de preuves derrière eux ,que c'est une dépendance encore pire que celle de l'héroine car la plupart se l'injecte .Il ne faut plus les laisser faire ,il va y avoir bientôt le scandale du subutex comme tant d'autres en France .Dans certains pays il est introuvable.J'en connais plusieurs qui s'injectent cette substance .Ne fermons plus les yeux s'il vous plait.Il y a des morts.Ma question est celle-ci,quelle est l'attitude à prendre devant une personne droguée depuis 10 ans et qui nous dit je ne veux surtout pas de suivi ,je veux tirer un trait définitif sur ce monde ,vous allez m'y aider.Effectivement comme d'habitude mon mari lui administre son traitement tous les jours ,la mort dans l'âme.Il a déjà des crises d'angoisse et ne dort pas la nuit rien qu'à l'arrêt de la seringue ,j'imagine le pire.Il y a quand même une chose positive ,c'est la première fois qu'il a accepté de rentrer à l'hopital ,chose refusée catégoriquement auparavent.Cette fois il était demandeur .Et aussi pas de maladie et ses veines sont intactes,on se console comme on peut.Faut-il lui dire qu'on lui refait confiance ou l'inverse,je ne sais plus quoi faire,il parle beaucoup et très souvent de ce milieu ,nous souffrons beaucoup ainsi que son frère et sa soeur qui l'aiment énormément, mais ce n'est pas cela le plus important.J'oubliais de vous dire qu'il n'a pas travaillé depuis 10 ans(RMI)et qu'il lâche son appartement pour venir vivre chez nous pendant quelques mois .Aidez-nous svp,cordialement

Mise en ligne le 26/05/2010

Bonjour,

Votre long message montre à quel point les difficultés de votre fils vous pèsent. Et aussi à quel point vous avez besoin de vous décharger un peu de ce poids.

Vous écrivez que vous souffrez beaucoup, vous et votre famille, mais que "ce n'est pas cela le plus important". Il semble au contraire que cela soit TRES important, tout autant que la souffrance de votre fils.

Pour continuer à le soutenir au mieux, suite à tout ce que vous avez déjà mobilisé comme énergie, il est indispensable de vous occuper de vous.

C'est sur votre propre force de vie et sur votre amour que votre fils peut s'appuyer, non pas sur vos angoisses. Si vous avez confiance en ses capacités à s'en sortir, il ira sans doute mieux. Mais si vous avez du mal à retrouver cette confiance au fond de vous, tentez de prendre un peu de distance, ne soyez pas disponible pour lui en permanence. Ménagez-vous des temps de pause, des temps pour votre couple, vos autres enfants, vos loisirs... Face à votre fils, posez des limites claires, d'autant plus qu'il s'installe chez vous.

Vos pensées et vos émotions négatives sont légitimes et il est important qu'elles s'expriment. Si vous les réprimez, vous risquez d'en accentuer la force et il s'ensuivra de plus en plus de fatigue et de découragement. Et même si vous n'en parlez pas, votre fils peut sentir vos inquiétudes.

Autorisez-vous à dire ce qui vous pèse, auprès des membres de votre famille et/ou auprès d'un psychologue. Cela vous permettrait d'arrêter d'imaginer le pire et de retrouver de l'optimisme et de la confiance. 

Réalisez également que votre colère contre les pratiques de certains généralistes est une perte d'énergie. Certes, le subutex entraîne une dépendance, tout comme beaucoup de médicaments psychotropes. Certes, certains se l'injectent, mais ce n'est pas le cas de la majorité. Certains ont besoin de cette étape pour se défaire de l'héroïne.

Mais surtout, ce ne sont pas les médecins qui sont responsables de la souffrance de votre fils. Il est le seul à pouvoir prendre la décision de s'occuper de lui, et pas seulement sur le plan médical. Comme vous le soulignez, il a déjà commencé à le faire et c'est bien cela qui compte.

Par ailleurs, nous attirons votre attention sur l'importance de ne pas faire les choses à sa place afin qu'il puisse prendre sa part de responsabilité et se reconstruire avec ses propres ressources.

Il serait bien, par exemple, que votre mari ne se positionne pas en tant qu'infirmier et ne lui donne plus son traitement. Votre fils est adulte et malgré ses fragilités, ce n'est pas lui rendre service que de le traiter comme un enfant. Laissez-le essayer de gérer son propre traitement, ce serait un premier pas vers l'autonomie qui lui manque.
Et votre mari se sentirait sans doute soulagé de se décharger de cette responsabilité. Il pourrait alors être plus disponible sur le plan affectif.

Votre fils ne veut pas de suivi, c'est le choix qu'il a fait et il serait inutile de contrer cette décision. Mais cela ne signifie pas pour autant que vous devez répondre à toutes ses demandes. S'il se confronte à vos limites, tout en ressentant votre bienveillance, il réalisera mieux que les solutions sont en lui-même. Il sera aussi plus à même de comprendre qu'il ne peut pas compter uniquement sur vous et qu'un suivi auprès d'un professionnel lui serait profitable.

Si ce n'est pas déjà le cas, nous vous invitons à chercher vous-même du soutien auprès d'un professionnel. Vous trouverez plus bas les coordonnées d'un centre spécialisé en toxicomanie. Un accueil est réservé aux proches des personnes dépendantes. Les consultations sont gratuites et confidentielles.

Bon courage pour la suite.

Bien à vous.

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