Bonjour, je suis avec mon copain depuis 4 ans. Il consomme de la cocaine depuis 2 ans je pense mais c'est régulier depuis un an. Il a conscience du problème, a conscience des conséquences néfastes sur sa vie mais n'arrive pas à arrêter. Il a consulté 3 fois dans un CSAPA mais ne trouve pas ça efficace et pense que ça ne l'aidera pas à arrêter. Il semble sincère dans sa démarche de soin mais retourne chercher le produit dès qu'il a de l'argent. Malgré les difficultés financières que cela engendre, malgré nos disputes, malgré son envie d'avancer dans la vie, d'acheter une maison, de fonder une famille et bien il n'arrive pas à arrêter. Je suis un peu perdue car je vois qu'il souffre de cette situation, qu'il a honte à chaque rechute. Je dramatisais beaucoup avant, je m'énervais vite sur lui, je pensais que ce n'était qu'une question de volonté. Aujourd'hui j'arrive à garder mon calme, j'essaye de le comprendre, j'ai conscience que la situation est compliquée autant pour lui que pour moi. Ce qui me dérange le plus c'est que je me sens impuissante. Suis-je naive ? Pourra-t-il un jour revivre sans ? Sur quoi puis-je m'appuyer pour lui redonner le gout de vivre ? Je lui cuisine de bons petits plats, nous faisons de belles balades ensemble, nous sommes complices (même si parfois je lui en veux de tout gâcher ...) Cette addiction cache-t-elle un mal être ? Je trouve qu'il a des comportements excessifs dans plusieurs domaines (il fume, il mange énormément parfois puis rien quand il a consommé, il semble avoir un besoin très fort d'avoir des relations sexuelles (tous les jours), il lui arrive de consommer de l'alcool en très grande quantité). En fait il va être bien 1 semaine et fait n'importe quoi 2 jours puis se reprend et replonge quelques jours après. Il n'est pas stable et c'est ça qui est difficile à vivre car j'ai du mal à me projeter avec lui malgré l'amour que je lui porte.

Mise en ligne le 15/09/2016

Bonjour,

Comme vous l’avez compris, la résolution d’une problématique de consommation n’est pas qu’une question de volonté, même si le fait de vouloir arrêter est un préalable indispensable. Nous ne savons si c’est le cas pour votre compagnon mais il fréquent qu’une personne soit pendant un temps ambivalente, c’est-à-dire partagée entre l’envie sincère d’arrêter et une certaine réticence à le faire. Il est pour certains difficile d’envisager de se priver complètement et définitivement d’un produit et de ses effets.

Votre compagnon a accepté de se rendre à trois reprises dans un CSAPA, c’est ce qu’il y a de plus spécialisé dans la prise en charge des problématiques addictives mais il vous dit que cela ne l’aidera pas à arrêter ses consommations. Il serait intéressant de savoir pourquoi il pense cela mais aussi de savoir ce qui, selon lui, pourrait l’aider davantage.

L’aide proposée en CSAPA aux usagers de cocaïne repose pour beaucoup sur de l’accompagnement psychologique. Il n’existe en effet aucun traitement de substitution pour arrêter ce produit mais, lorsque l’arrêt provoque trop d’inconfort, au cas par cas et de manière transitoire il est possible d’adapter un traitement de « confort » pour pallier aux difficultés éprouvées telles que l’anxiété, les troubles du sommeil… Cela n’a rien d’habituel mais il est aussi quelques fois envisagé de proposer à ces consommateurs des temps d’hospitalisation dans l’idée de créer un moment de rupture avec le produit.

Il nous est difficile de répondre pour votre compagnon aux questions que vous soulevez concernant l’éventuel mal être caché derrière son recours à la cocaïne, la possibilité pour lui de faire sans, ce qui pourrait lui redonner le goût de vivre…

Nous comprenons dans quel sens vous pointez  son côté excessif et instable mais il serait périlleux de se risquer à une analyse à la hâte. Ce qui est certain et vous le dites c’est qu’il semble en difficulté, que cela rend votre relation et vos projets compliqués.

Il paraitrait important, pour l’un comme pour l’autre, de redéfinir ce qui vous met en difficulté et ce qui pourrait être attendu en termes d’évolutions. Cela concerne votre couple mais également, pour votre compagnon,  sa prise en charge en addictologie.

Il est fort probable que l’équipe du CSAPA avec lequel il est en contact reçoive également l’entourage pour du soutien, des conseils, voire même que vous puissiez demander des entretiens de couple si vous en êtes d’accord tous les deux.

Nous restons disponibles, pour l’un comme pour l’autre, si vous souhaitez prendre le temps d’échanger plus précisément sur les difficultés que vous rencontrez. Nous sommes joignables tous les jours de 8h à 2h au 0 800 23 13  (appel anonyme et gratuit) ainsi que par Chat de 14h à 2h.

Cordialement.