Bonjour, Je fais appel à vous dans le désespoir. J'ai 40 ans, 2 enfants, je vis séparé de mon épouse depuis près de 2 ans et j'exerce une profession artistique. Depuis plus de 25, je pense présenter un profil puissamment addictif. De 15 à 20 ans, celui-ci s'est exprimé par un total ascétisme - un refus catégorique d'expérimenter l'alcool, la drogue ou la cigarette comme la majorité de mes amis. Puis, à 20 ans, j'ai basculé dans l'exact contraire: profondément déprimé par mes études, par ma situation sentimentale et familiale, je suis devenu un noctambule grand consommateur d'alcool, de cannabis et de poppers. A 25, j'ai rencontré une femme et nous avons très vite commencer à vivre ensemble. J'ai continué à boire et à fumer, mais suis beaucoup calmé sous l'effet de la vie en couple - en particulier lorsqu'il y a 10 ans notre premier enfant est né. Mais notre couple a capoté. J'ai quitté ma femme et reste convaincu que c'était la meilleure solution pour la protéger, elle et les enfants, de l'état dépressif, impulsif et douloureux dans lequel l'échec de notre union était en train de me plonger. Peu avant notre séparation, ma consommation d'alcool a commencé à réaugmenter: de 2 verres par jour, je suis passé à 3, 4, 5, parfois plus. Après la séparation, cette consommation a carrément explosé: 1 paquet de cigarettes par jour, 1 à 2 bouteilles de vin par jour, beaucoup plus en soirée. J'ai également plongé dans ce qui pourrait s'appeler le "sexaholisme": conquêtes effrénées par le biais de site de rencontres, expériences sexuelles multiples, jusqu'à 5 ou 6 liaisons en même temps avec des femmes différentes. Il y a plus d'un an, j'ai cependant eu la chance de rencontrer une femme formidable avec laquelle je vis maintenant une liaison exclusive. Cette liaison m'a permis d'accélérer ma réflexion, et, aujourd'hui, avec l'aide d'une psychothérapeute et d'un addictologue, que je crois tous deux extrêmement compétents, je tente de comprendre, de gérer et même d'arrêter mes consommations. Pourtant, voilà à quoi ressemble ma vie aujourd'hui: des phases de 5, 10 ou même 15 jours de sobriété où je souffre psychiquement et physiquement, puis des rechute brutale, où de façon imprévisible je me remets à boire très brutalement et où mon comportement -sous l'effet de la honte ou du manque?- devient risqué: nuits sans lendemain et sans plaisir avec des inconnues, réactions violentes face aux provocations que je subis quelquefois dans la rue ou les bars, et, surtout, consommation boulimique et incontrôlable d'alcool qui ne cesse que lorsque je sombre dans le sommeil pendant des heures. J'arrive heureusement à protéger mes enfants, que je vois 3 jours et 3 nuits par semaine, avec rigueur, affection et sobriété. Mais j'ai peur. J'ai peur et j'ai mal. Tout cela nourrit ma dépression comme un cercle vicieux; tout cela me coûté énormément d'argent; tout cela risque de finir par nuire profondément à mon travail, ma santé et ma liaison amoureuse. Le suivie médical est une chose, la volonté aussi, mais le dialogue en est une autre. Je suis quelqu'un d'extrêmement solitaire qui, en plus, se cache parce qu'il ne veut pas être jugé, écarté, craint ou mal aimé pour ses problèmes. Je pense donc que j'aurais besoin de parler, d'échanger, de correspondre avec des individus qui traversent ou ont traversé les mêmes problèmes que moi. Trouver des interlocuteurs et des semblables qui pourraient m'aider et que -peut-être?- je pourrais aider aussi par le dialogue. Désolé pour ce message si long. En l'attente… Cordialement.

Mise en ligne le 14/02/2011

Bonjour,

Nous comprenons votre demande et nous  tenons à vous rappeler qu’il n’y a pas d’âge pour « basculer »dans une consommation problématique. Vous avez pu résister  jusqu’avant vos 20 ans à toute tentation d’expérimenter les drogues, l’alcool et même la cigarette. Cependant, les causes qui peuvent conduire une conduite addictive sont souvent multifactorielles.

Si vous avez basculé dans une consommation excessive et  problématique, il y a peut-être un lien à rechercher avec la profonde déprime causée par l’échec de vos études, de votre situation sentimentale et familiale. Cependant il n’y a pas de fatalité, ce qui vous arrive n’a rien d’irréversible, si vous vous en donnez les moyens.

Vous indiquez avoir fait un choix de raison en quittant votre femme et vos enfants pour les protéger. C’était, certes, une décision difficile à prendre mais si vous avez opté pour ce choix, c’était peut-être ce qu’il fallait faire. Vous  avez observé une augmentation de votre consommation d’alcool peu avant votre séparation, avant qu’elle n’explose après la séparation effective. Ceci  peut s’expliquer  par le mal-être que cette période chargée d’évènements graves (séparation d’avec votre conjointe et de vos enfants…) a pu engendrer chez vous.  Concernant votre « sexa holisme », vous pouvez en parler à votre psychothérapeute et/ou à votre addictologue, si ça n’est déjà fait, lesquels pourront vous réorienter chez un spécialiste de l’addiction au sexe

Nous vous encourageons à continuer et renforcer la démarche dans laquelle vous vous êtes inscrit et ce d’autant plus que vous-même n’avez aucun a priori sur la compétence de votre psychothérapeute et de votre addictologue. Faites leur part de tout ce qui vous préoccupe, ils sont là pour vous venir en aide. Parallèlement, vous pouvez également aller à la rencontre de personnes qui ont, ou ont eu, des problèmes semblables aux vôtres dans le cadre de groupes d’entraide et de parole. C’est un moyen pour vous de « faire tomber le masque », d’échanger avec des interlocuteurs qui pourront aussi vous aider. Nous vous avons mis en dessous quelques adresses de lieux où vous pourrez participer à ces groupes de parole et d’entraide.

Vous pouvez également  appeler Drogues Info Service au 0800 23 13 13 (gratuit & anonyme depuis un poste fixe de 8h00 à 2h00 du matin 7/7) pour avoir une écoute et un soutien par rapport à vos dépendances.

Tous nos vœux vous accompagnent.