Bonjour,

Le diagnostic de "schizophrénie affective" suite à une bouffée délirante due au cannabis est assez surprenant vu de l'extérieur. La bouffée délirante est un trouble associé à la consommation de cannabis mais il n'est pas à lui seul le signe d'une schizophrénie. C'est plutôt un épisode aigu et ce n'est normalement pas suffisant pour déterminer qu'il y a une maladie chronique. Néanmoins nous manquons évidement de tout le contexte qui a pu entourer votre fille à ce moment-là. Il y avait probablement d'autres éléments qui ont été pris en compte pour faire ce diagnostic.

Nous faisons cependant le lien avec la plainte exprimée par votre fille, qui n'est pas entendue par le psychiatre qui la suit. Votre fille est certainement en souffrance mais elle ne semble pas avoir une prise en charge adaptée ou qui soit à son écoute. Sa souffrance alimente probablement sa consommation de cocaïne, qui lui permet pour un temps très court de "se sentir bien".

Remettre à plat son diagnostic, son mal-être, son traitement avec d'autres professionnels qui soient à son écoute serait idéal. C'est difficile à trouver mais s'il existe dans votre région des Centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) dotés de médecins-psychiatres et/ou de psychologues solides votre fille a une chance de recevoir le soutien dont elle a besoin.

Mais votre fille en a-t-elle envie ? Son accord est indispensable. Les CSAPA prennent en charge d'abord les problèmes d'addiction et s'ils sont suffisamment développés ils prennent en compte les troubles associés ou travaillent en réseau avec d'autres professionnels pour prendre en compte la dimension psychiatrique que peut avoir l'addiction.

Si votre fille ne souhaite pas entamer un nouveau parcours de soin pour le moment, le mieux que vous puissiez faire c'est essayer de l'épauler quand vous en avez l'énergie. Car en effet il est important que vous preniez soin de vous d'abord. Préservez-vous, prenez soin de vous pour pouvoir ensuite soutenir votre fille. Si vous êtes épuisée, faites une pause, essayez de prendre du recul. Ce n'est pas le moment d'intervenir. 

L'épauler cela veut dire rappeler sans cesse votre lien avec elle, que vous êtes là si elle a besoin d'aide mais que cette aide ne peut pas l'aider à consommer de la drogue (par exemple en remboursant ses dettes à sa place). C'est votre fille qui peut faire des démarches pour s'en sortir. Elle a peut-être déjà l'impression d'être en "soin" mais aussi en échec avec son psychiatre actuel. Si c'est le cas informez-là sur ce qui existe et encouragez-là à chercher d'autres professionnels mais ne le faites pas à sa place. A tout moment il vaut mieux qu'elle soit placée au centre de son problème et comme étant la personne qui peut agir dessus.

Enfin, un élément important pour vous, c'est que vous ne soyez pas la seule à épauler votre fille. Passez le relais aussi à d'autres personnes de son entourage (famille, amis...). Constituez un groupe bienveillant et aidant autour d'elle si c'est possible. Elle se sentira moins seule et vous partagerez la charge qui pèse sur vos épaules. Sachez aussi que les CSAPA peuvent recevoir les proches et les épauler également. Même s'ils ne connaissent pas votre fille.

Pour trouver les coordonnées de CSAPA dans votre région, appelez notre ligne au 0 800 23 13 13 (appel anonyme et gratuit). Il peut être difficile de nous joindre si nos lignes sont saturées mais n'hésitez pas à insister le temps nécessaire pour obtenir un écoutant au téléphone. En parler vous fera aussi probablement du bien.

Cordialement,

le modérateur.