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Vos questions / nos réponsesJe m'appelle Matt, j'ai 27 ans, je suis marié et après une carrière qui a bien débutée j'ai dû m'arrêter de travailler après un accident de la voie publique (non responsable) qui m'a rendu inapte à tenir mon poste. Depuis plus de deux ans maintenant je dois prendre quotidiennement des doses importantes de chlorydrate d'oxycodone pour pouvoir mener une vie à peu près normale, même si le service médical de mon employeur ne m'autorise malheureusement plus à travailler.
Il y a quelques mois je me suis rendu compte que je ne pouvais vraiment plus me passer de morphine. J'étais au courant de l'addiction que pouvait entraîner la consommation de morphiniques mais je ne pensais pas être autant affecté. Je n'ai jamais été attiré par les drogues, mais aujourd'hui je suis accroc parce que rien d'autre ne me soulage, et je ne sais même pas si je saurai faire la différence entre les douleurs physiques causées par les blessures et les douleurs provoquées par l'effet de manque. J'ai tenté il y a quelques temps de me "sevrer" moi-même en remplaçant l'oxycodone par du tramadol (à fortes doses) que j'avais récupéré d'un membre de ma famille qui n'en avait plus besoin, et pendant 5 jours et 5 nuits je n'ai fait que vomir, me tordre de douleur et je n'ai pas réussi à dormir 1 minute jusqu'à ce que j'abandonne et que je reprenne de la morphine.
Est-ce qu'il existe une solution qui me permettrait de décrocher tout en soignant les vraies douleurs dues aux dommages physiques ? Je sais que tant que je serai accroc à la morphine je ne pourrais pas reprendre le travail, elle a prit une place trop importante dans mon processus de guérison, et j'ai peur d'en parler à mon médecin parce que je crains qu'elle me prive de la substance et que je sois tenté d'entre prendre d'autres types, je crains le sevrage, mais j'ai besoin que ça s'arrête. Je veux retrouver une vie active sans être en permanence obsédé par ma prochaine dose, et je veux être capable de repartir au travail tout en me soignant avec des produits moins dangereux qui, je le sais, suffiraient maintenant à soulager des douleurs beaucoup moins importantes qu'au début.
J'ai besoin d'aide mais j'ai peur de moi-même, de ne pas arriver à décrocher. Je ne suis plus capable de différencier les douleurs réelles et celles induises par abus d'antalgiques, j'ai honte...
Commentaire du modérateur
Bonjour Matt,
Merci pour votre témoignage. Vous êtes terrorisé par la perspective du sevrage mais vous voulez aussi avancer et vous débarrasser de cette dépendance. Vous avez, pour ce faire, des atouts : vous voulez passer à autre chose et, surtout, la dépendance c'est pas votre "truc". Vous n'êtes pas ambigu par rapport à cela et ne vous procurez pas votre drogue auprès de dealers. Ce sont des conditions qui font que vous aurez plus de chances d'y arriver, vous serez moins tenté de rechuter.
Il faudrait maintenant que vous dépassiez certaines "représentations" que vous pouvez avoir. Les médecins ne sont pas des bourreaux et ce sont les mieux placés pour vous offrir des solutions pour réaliser un sevrage à moindre douleur et aussi trouver d'autres voies thérapeutiques pour gérer vos douleurs "réelles", c'est-à-dire issues de votre accident. Ils ne devraient pas arrêter brutalement votre traitement si vous leur parlez et devraient mettre en place, avec vous, un protocole pour faire votre sevrage et trouver un remplaçant non opioïde pour vos douleurs. Si vous avez des doutes sur votre médecin alors nous vous conseillons de vous adresser à un Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA). Les consultations y sont gratuites et vous serez accompagné pour votre sevrage. Vous pouvez trouver l'adresse du CSAPA le plus proche dans notre rubrique "Adresses utiles".
N'hésitez pas, aussi, à appeler notre ligne d'écoute pour en parler : 0 800 23 13 13 tous les jours de 8h à 2h (confidentiel et gratuit).
Cordialement,
le modérateur.