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Vos questions / nos réponsesBonjour,
Je me présente brièvement, j'ai 42 ans et j'ai été dépendant au tramadol pendant de longues années à des doses très élevées et dangereuses ( plus d'1 gramme/jour). Ma première prise de Tramadol était pour une douleur ostéo-articulaire, j'ai pris 2 comprimés d'Ixprim et wahouu je me suis senti tellement bien, c'était une période un peu compliquée de ma vie avec des soucis personnels et beaucoup de remise en question et du coup le Tramadol me faisait oublier ou du moins relativiser tous ces problèmes et en plus ça me donnait beaucoup d'énergie et j'en avais besoin dans mon travail ou je me dépassais tous les jours pour monter dans la hiérarchie. Autre précision me concernant je n'avais jamais été un vrai consommateur de drogue avant de découvrir le Tramadol, il m'est arrivé de fumer un joint par ci par là dans des soirées lorsque j'étais étudiant, c'était plus pour suivre le mouvement que par réelle envie. Je tiens aussi à préciser que je travail dans le milieu médical et je connaissais donc très bien le tramadol et les risques d'une prise prolongée de cette molécule, mais comme on dit se sont les cordonniers les plus mal chaussés…. au départ j'ai donc cru que je savais ce que je faisais et que je maitrisais parfaitement bien la situation, en réalité la situation a très vite dérapée. Ca fait maintenant 2 ans que je suis suivi par mon médecin généraliste a qui je dois TOUT. Il me connait depuis mon adolescence et il a su déceler ma dépendance sans même que je lui en parle, il a su aborder le sujet avec délicatesse. Il a pris le temps de me prendre en consultation en fin de journée et de me garder dans son cabinet plus d'une heure pour que je "vide mon sac". Dans mon cas on savait très bien tous les 2 qu'il était impossible pour moi de faire un sevrage en baissant les doses de Tramadol par palier, mon addiction était bien trop forte et a durée de trop longues années. Alors il m'a proposé une substitution par de la buprénorphine et depuis j'ai retrouvé le sourire, la joie de vivre et j'ai arrêté de m'isoler du monde extérieur. Certains diront que ce n'est "que" un substitutif et qu'on remplace une dépendance par une autre dépendance et là je ne suis pas du tout d'accord. Avec la buprénorphine on prend son traitement le matin et on y pense plus jusqu'au lendemain, il n'y a pas d'effet "récréatif", je ne passe pas tout mon temps libre à chercher du tramadol, je ne dépense plus des sommes incroyables en achat de Tramadol et surtout je ne met plus ma vie en danger !! Ma dernière année sous Tramadol je l'ai passée en mode "survie", un véritable calvaire sans compter que dans mon travail je suis entouré de médecins et je craignais énormément qu'ils découvrent mon addiction (j'avais beaucoup maigri parce que le Tramadol est un coupe faim, j'étais tout le temps pâle, j'avais régulièrement la nausée, j'étais en état de stress permanent….)
Aujourd'hui je me décide à faire ce témoignage pour 3 raisons :
- La première et non des moindres c'est que je vais bien et que je n'avais pas connu ça depuis très longtemps.
- La seconde c'est pour dire aux gens qui sont en souffrance à cause d'une dépendance que des solutions existent et qu'elles ne sont pas douloureuses. Il faut juste trouver le bon professionnel de santé avec qui vous vous sentirez suffisamment en confiance pour vous livrer pleinement.
- Et enfin la dernière raison c'est pour rendre hommage aux écoutants de la ligne téléphonique de "drogue info service". En effet ma première semaine de traitement sous buprénorphine n'était pas évidente, déjà il faut trouver le bon dosage le but étant d'être le mieu possible avec la dose la plus basse possible. Et puis c'est un changement de vie radical, je perdais complètement les repères que j'avais établi pendant des années d'addiction. Le 2ième jour de traitement (je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit) j'ai eu un gros coup de blues, j'ai voulu prendre contact avec mon médecin parce que je me sentais en panique mais malheureusement il était absent ce jour là. Alors j'ai pris mon courage à 2 mains (je suis un peu timide et c'est pas facile de parler de tout ça à un inconnu au téléphone) et j'ai appelé la ligne "drogue info service". La personne qui a répondu à mon appel a su m'apaiser, elle a pris son temps, elle m'a progressivement amené à parler et elle a su trouver les mots justes, les mots que j'avais besoin d'entendre pour me donner du courage. Ca fait 2 ans que j'ai passé ce coup de téléphone et pourtant j'y pense encore régulièrement, certaines phrases qu'elle m'a dit raisonnent encore dans ma tête. Alors surtout n'hésitez pas à leur demander de l'aide que se soit pour trouver un centre d'addictologie ou tout simplement pour trouver du réconfort dans un moment un peu difficile. Je n'ai jamais ressenti le besoin de les rappeler car je me sens très bien, en revanche aujourd'hui je ressens le besoin de leur dire un très grand MERCI.