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représentation et place de la drogue dans la société

Par Profil supprimé

Bjr à tous, les posts de Cynoque, Alchi et Bluenaranja m'ont intéressée, j'ai trouvé que c'était pas mal d'avoir un prolongement sous un autre titre.

Vos échanges m'ont fait réfléchir sur l'usage de drogues et la représentation qu'en ont nos sociétés, nos institutions. Pour moi, basiquement, mon schéma c'était: la drogue, c'est mal, lutter contre la drogue, c'est bien. (je caricature, quand même). Je n'ai certes de points de vue que "de l'extérieur" car mes rapports avec la drogue n'ont jamais été en tant que consommatrice. Donc, dans vos échanges, il y a des choses qui m'ont interpellée, voire choquée, et c'est bien d'être interpellée et choquée!

"Nous" avons (une certaine société dans laquelle je veux bien m'inclure) une représentation très négative de la consommation de drogues et des usagers. Beaucoup de fantasmes autour, et bcp de peur. La méconnaissance et la peur, c'est certainement ce qui entraîne ces réactions de diabolisation, de dramatisation dont parle Cynoque. Quand j'ai appris (par les gendarmes, car j'étais à l'époque trop bête, trop naïve, trop à l'ouest pour voir de moi-même, ou pour accepter de voir!) que mon fils fumait et dealait du cannabis), je me souviens que le shit, c'était quelque chose pour moi de juste "monstrueux" (c'est le terme que j'ai utilisé!) et j'ai dit à mon fils: "tu choisis, ou moi, ou les copains". Tu vois, le type-même de réactions parentales que tu dénonces. Cynoque. Bon, j'en suis pas fière, et j'espère bien que les parents d'aujourd'hui, mieux informés que moi à l'époque, plus perspicaces et plus psychologues, ont des réponses plus appropriées. Je n'appartiens pas aux jeunes générations, je suppose que les mentalités évoluent.

En tout cas, je trouve nécessaire à tous points de vue de: porter une vraie réflexion sur l'usage des drogues / et de donner une place aux usagers de drogues. Avec, entre autres, logiquement, l'ouverture de salles de consommation. Sur ce sujet précis, et bien, c'est la 1ère fois, en vous lisant, que je suis amenée à y réfléchir un peu, donc je connais pas vraiment le fonctionnement, les pour et les contre. Je me demande si ça suffit à "briser" le trafic (je ne pense pas), si ça élimine les risques du manque etc... Perso, je pense que ça ne me dérangerait pas qu'une salle ouvre près de chez moi, bon, si c'était le cas, quelle serait ma réaction en vrai, je sais pas, mais je vois pas trop quelles pourraient être les raisons d'un rejet? Vis à vis des enfants? Les enfants comprennent si on leur explique, et ils sont confontés à bien des situations plus problématiques, ou dangereuses, ou questionnantes: la circulation automobile, l'alccolisation, les sans-abbri, ....etc.

A propos des enfants: comme Blue, je pense que poser des limites est indispensable. Pour moi, les interdictions sont structurantes pour l'enfant. Mais peut-être que nous ne mettons pas tous les mêmes choses derrière ces termes? Si pour toi, Cynoque, les règles étaient fixées "à coups de bâton", je comprends que les mots intediction ou obligation aient une signification différentes de ce qu'ils ont pour moi. Pour moi, poser des limites, des contraintes ou des interdits et dialoguer ne sont pas antinomiques, au contraire. Bon, on dialogue pas avec les mêmes mots, ni les mêmes arguments avec un ado de 17 ans et un enfant de 4 ans, c'est sûr. Les jalons sont pas posés aux mêmes endroits. N'empêche qu'à mon sens, les parents DOIVENT en poser. D'abord par mesure de protection, ensuite parce que l'enfant a besoin d'avoir confiance en son parent, et donc, de savoir qu'il est protégé, même si ça lui déplaît. Par exemple, je laisserais pas un enfant regarder la télé jusqu'à point h'heure, son sommeil est trop important. Et aussi, parce que sans interdit aucun, ben y a plus rien "à braver" et que c'est pas forcément l'idéal, de même que quand y a trop d'intedits. Quand nous posons des limites à nos enfants, nous savons qu'à un moment, ils vont vouloir les tester, les bousculer, et "nous arnaquer". Finalement, ça fait partie de la structuration de la personne. C'est à ce moment-là que la confiance instaurée par le dialogue peut permettre de limiter les risques. Il me semble.
Et enfin, la société (toute société humaine ou animale, je crois) est pleine de règles et de contraintes, et de limites: c'est mieux d'enseigner ça aux enfants. je crois pas que ça leur enlève du libre-arbitre, ou du bien-être.
"Les lois naturelles", perso,j'y crois pas trop.

Ya d'autres trucs qui m'ont posé questions, comme la manière de considérer le dealer, dealer-consommateur ou dealer-trafiquant, ou la loi de l'offre et de la demande.
C'est pas plus l'offre qui crée la demande? Parce que si effectivement, les produits ont tujours existé, quel est le pourquoi, quels sont les pourquoi de l'usage? simple plaisir, détente, besoin d'évasion, souffrance? je sais pas... d'où viennent ces demandes? et comment sont-elles, ensuite, orientées,manipulées,créées?
Dans la société de consommation, nos besoins sont, me semble-t-il largement fabriqués -
Le courage du dealer? Là vraiment, je vois pas trop: sa "prise de risques pour satisfaire la demande" c'est pas juste de la débrouille pour gagner un max de fric, non?

Légalisation, dépénalisation, j'ai pas trop d'opinion là-dessus, j'avoue. C'est sûr que la société et nos politiques sont sur ce sujet comme sur tant d'autres, hypocrites, et frileux, et démago. Mais, ça suffit pas de dire ça. Le tabac, l'alccol, les jeux : l'Etat en profite (et l'Etat,c'est nous aussi, via nos contributions, hein?) et parallèlement en condamne la consommation ou l'abus. Y a pas QUE de l'hypocrisie là-dedans. Y a des réalités, des impératifs qui s'entremêlent - financiers, sociaux, éthiques, politiques, électoraux, tout ce qu'on veut...-

Enfin, MERCI de m'avoir permis de réfléchir un minimum autour de questions que je ne m'étais pas vraiment formulées. Je crois, à la réflexion, que ce qui me "titille" particulièrement, c'est cette question de liberté. Pour moi, la liberté, ce n'est pas ne pas avoir de contraintes, ce n'est pas d'avoir le choix de se droguer (choisir de se droguer? non, j'arrive pas à y croire).

Là où il y a "emprise", il y a une grosse, grosse perte de liberté, me semble-t-il. Et je crois que les drogues ont une grande emprise... ou je me trompe? moi, j'ai été dépendante de comportements alimentaires, très longtemps, ben c'était tout sauf la liberté...

amicalement. Elorapal

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4 réponses


bluenaranja - 14/11/2011 à 10h44

Hello,

Dans l'absolu, beaucoup de choses peuvent être addictives, l'amour, le jeu, la nourriture, mais finalement, c'est plus une conduite qu'il faut soigner que punir.
Pour moi, il y a deux sortes de dealers, les petits, qui font ça pour payer leur conso, souvent en cercle fermé, entre eux, et les gros, qui eux ne consomment pas, mais se font du fric dessus.
Au yeux de la loi, c'est pareil, pour moi, c'est très différent.

En tous cas qu'est ce que ça fait du bien d'en parler et d'ouvrir le débat.
Moi aussi, pendant longtemps, j'ai pensé que la drogue c'est mal.

Je continue de penser que ce n'est guère épanouissant, mais certains parviennent à gérer, à réduire leurs conso et à être des parents avec exactement les mêmes objectifs que les autres.

Pour moi, à l'usage, le tabac devrait être considéré comme drogue douce, et pas le cannabis. Mais c'est mon expérience perso.

Alors les salles de conso, je trouve ça juste génial.
C'est une salle pour consommer dans de bonnes conditions, on ne te fournit pas en drogue. On te donne seringues ou pipes propres, on te surveilles pour pas que tu fasses d'overdoses - sinon les gens se shootent chez eux, seuls, dans les squatts, dans les wc - qui n'a jamais shooté dans des wc dégueu, juste pour avoir de l'eau et la porte qui se ferme.
Et les gens qui sont là sont formés pour apporter aide et conseils.

Moi, j'ai fait des "poussières" plusieurs fois, j'ai bien failli crever au moins deux fois. En plus, ça évite du coup les gens qui se shootent n'importe où et laissent trainer les seringues.

Il y en a dans plein de pays, ça a l'air de bien fonctionner.

Justement, vous qui avez connu "l'addiction" enfin, vous voyez ce que je veux dire, est ce que, être hors la loi aurait changé quoique ce soit à l'histoire, sinon vous culpabiliser encore plus. La prison aurait elle changé quoique ce soit au problème, finalement ?
La prise de conscience, c'est entre soi et soi.
Moi, je sais que j'ai eu de la chance de pas passer par la case prison. J'ai même connu un copain qui, sorti de prison, continuait de vivre comme en prison.

Après j'adhère avec la plupart des choses que dit Cynoque, dans l'absolu. Et c'est vrai que dit comme ça, ça fait beaucoup plus réfléchir que Tin c bon la meca arrêtez de faire chier !!

Et franchement, vous m'épatez Elorapal !! Moi, c'est parce que je l'ai vécu dans mes tripes que je suis parvenu à cette conclusion.

Et oui, c'est tellement différent du discours officiel que c'est choquant, mais quand on y réfléchit, il y a plein de choses à faire.
Tout devrait passer par la prévention, l'éducation.

En tous cas, merci de participer au débat ! Je vais chercher les liens pour la salle de conso.
Je remercie aussi Drogue Info Service de bien vouloir relayer ce lien, qu'il suscite réflexion et débat, c'est tip top !

bonne journée à tous
bluenaranja

bluenaranja - 14/11/2011 à 11h18

Voilà le lien, il t'expliquera mieux que moi ce que c'est exactement une salle de conso.
J'attends ton avis avec impatience !!

bises
blue

Profil supprimé - 14/11/2011 à 20h29

moi je donnerais trois remerciements suite à ce post.le premier sera pour toi elorapal car pour une fois quelqu'un cherche à comprendre ce que l'on a vécu et qui n'est pas forcement du milieu.
même si s'est dure pour nous les moments passés,on essaye de retransmettre ce que l'on a vécu afin que peut être 1/1000 nous comprendra et n'ira pas plus loin.donc on a pas fini la bataille mais déjà gagné beaucoup.
on se permet de faire partager nos expèriences. merci à blue aussi car elle est très présente ici et ça fait du bien pour quelqu'un pour moi de savoir qu'elle est là et qu'elle me comprend. puis merci à mr Martin de drogues info service qui gère internet, pour sa compréhension, son respect, quitte à nous bloquer un article mais il nous envoie un message en privée pour nous en donner la raison. mais ici j'ai retrouvé un peu une certaine liberté et un échange sincère,dans la mesure que je ne me mette pas en danger. merci.
et je m'aperçois que ici des personnes nous lisent, sans toucher à rien , et qui ne se permet pas de nous juger mais qui essaye de comprendre. chose qui est très difficile je l'avoue.
en tout cas merci à tout les trois mais j'oubli pas cynoque, mais un peu jeune sur le forum mais que je respect énormément. merci beaucoup pour ce post.

Profil supprimé - 15/11/2011 à 21h13

hello tous!
alors: concernant les salles de conso, je me trouve un peu bête car je croyais qu'elles existaient déjà en France, mais en fait je m'aperçois que ce qui existe, c'est juste des lieux où l'on se procure le matériel. Donc, évidemment que cela doit tout logiquement s'accompagner de la mise à disposition du lieu, du temps, de l'accompagnement autour de la prise de drogue! Qu'est-ce qui freine la mise en place de salles de conso? Je comprends pas bien, du coup. (Mais justement, c'est le coût, sans doute, le coût immédiat en tt cas?)Alors, pétitionner pour une salle à Paris, OK, mais QUID des autres? faut-il attendre qu'UNE salle ait servi d'expérimentation avant de généraliser le dispositif?

Je manque unpeu de temps aujour'hui mais je reviendrai sur ce sujet s'il continue d'intéresser quelques personnes.

merci Alchi de ton mot gentil. Regarder un peu ailleurs que le bout de son nez ne fait pas de mal. Je pense que les gens qui se refusent absolument à regarder et comprendre d'autres réalités que la leur ont sans doute des peurs en eux. Il faut avoir une confiance en soi suffisante pour accepter d'être déstabilisé . Et nous avons parfois peur de chose que nous sentons très confusément en nous, une "humanité", qui nous dérange un peu: les addictions, la toxicomanie portent, me semble-t-il, cette part d'humanité assez émouvante, même violente, qui peuvent provoquer le rejet. Peut-être qu'il y a de ça...
La peur, il me semble que c'est la cause de pas mal de choses.... Tiens ce serait un truc à réfléchir aussi!

Blue, à +.

Amitiés à tous.

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