Par chat

Chattez avec
Drogues Info Service

Par téléphone

Drogues Info Service répond
à vos appels 7 jours sur 7

Contactez-nous

Adresses utiles

Forums pour l'entourage Télécharger en pdf Imprimer Envoyer à un ami

Mettre son enfant dehors

Par bluenaranja

Alors déjà, je ne me permettrais pas de donner des conseils, parce que c'est une décision tellement personnelle, où tant de paramètres entrent en compte, que les parents sont les seuls à pouvoir décider.
Quand le jeune adulte pourrit la vie de tous, menace, devient violent physiquement, etc, la multitude de situations évoquées ici, je comprends parfaitement la réaction des parents - qu'il y ait ou non d'autres enfants - certes, il faut les aider, mais pas au point de tout sacrifier. Son équilibre mental, le reste de la famille, ses amis...

J'ai lu le post du modérateur, où il raconte l'histoire d'un père et de son fils drogué, une véritable parabole moderne. Et il correspond tellement aux angoisses de beaucoup de parents que je ne peux m'empêcher de le citer :

{Le seconde peut paraître contradictoire avec la première. Parfois c’est en ne cherchant pas ou plus de réponses que l’on finit par trouver et que les choses finissent par avancer. Je me souviendrais toujours de ce père que j’ai eu un jour au téléphone sur la ligne Drogues Info Service, qui s’est battu pendant des années pour que son fils se sorte de l’héroïne, qui a}{ cherché et proposé toutes les solutions, qui a cherché à le protéger constamment du "pire", jusqu’au jour où il a dit "je ne peux plus", "je ne sais plus", "je n’ai pas la réponse"… Il a alors laissé son fils partir loin de lui, a accepté qu’il se précarise, a accepté qu’il prenne tous les risques dont il essayait de le protéger. Son fils est allé au début dans la rue mais a rapidement squatté chez des amis, puis, de fil en aiguille (cela a pris du temps), s’est posé des questions, a pu prendre des décisions pour lui et… s’en est finalement sorti. Il est revenu vers ce père, dans un relation différente mais avec gratitude parce que c’est quand même lui qui avait essayé de l’aider pendant toutes ses années sombres. C’est ce dont ce monsieur voulait témoigner au téléphone, tout étonné encore de ce cheminement, peut-être un peu vexé de n’avoir pu lui "sauver" son fils…
Je crois en fait qu’il a réellement aidé son fils le jour où il a dit "ce n’est pas moi qui ait la réponse à ton problème" : à partir de là son fils a commencé à pouvoir avancer…
Je ne dis pas que votre situation et celle de ce père son comparables. Je n’analyse pas vraiment pourquoi je vous raconte cette histoire et je ne vous suggère surtout pas de faire pareil. Mais voilà, cela peut marcher comme cela parfois aussi (avec beaucoup de raccourcis) et je voulais en témoigner auprès de vous.
}

Perso, je pense que les extrêmes ne sont jamais bons : trop aider peut être aussi néfaste que de ne pas aider du tout.

Mais laissez toujours une porte ouverte, soyez prêts quand ils font des efforts pour s'en sortir à leurs envoyer des signes d'encouragement, à les épauler.
De toutes façons, être adulte cela veut dire faire face et assumer ses choix quels qu'ils soient. On ne
« choisit » pas la drogue, mais on choisit de lutter ou pas. Et ce sont souvent des phases qui se succèdent.
Après, trop souvent hélas, il y a des pathologies qui se glissent là-dedans : dépression, schizophrénie. J'ai eu un ami schizophrène qui se droguait pour tenter « d'éteindre » son cerveau.
Et là, c'est évidemment plus délicat, quand on est malade ou qu'on se drogue pour oublier un trauma, c'est encore plus difficile pour les parents de trouver une place. Ou de savoir quelle attitude adopter. C'est tellement violent quand le petit garçon qu'on a bercé se transforme en quelqu'un de menaçant, agressif, un « étranger ».

C'est pour ça qu'il est très important de se faire aider par des professionnels motivés par ce qu'ils font, et si on ne trouve pas du premier coup, c'est important de continuer à chercher.
Il faut qu'il y ait quelque chose qui se passe, humainement parlant, pour que cela fonctionne.

Bon courage à tous

bluenaranja

Fil précédent Fil suivant

1 réponse


Profil supprimé - 02/10/2011 à 12h55


Au fur et à mesure que j'écrivais mes pensées et mes questionnements sur ce sujet, je me suis rendue compte que je me donnais à moi-même certaines réponses. (je crois que c'est aussi l'intérêt de ce site). En tout cas, voici, en vrac, mes propres réflexions, et je suis preneuse de vos réactions et opinions.

"Mettre son enfant dehors", ce n'est pas pareil que "le laisser partir". A priori, la première "formule" correspond à quelque chose de brutal, en tout cas à une décision unilatérale. Mais au fond, il s'agit dans les deux cas d'un accompagnement à la responsabilisation.
Ce qui est primordial, je crois, dans ce "quitter-la-maison", c'est deux choses indissociables: son organisation matérielle, et le ressenti des deux parties, l'enfant et sa famille. Et je suis bien d'accord avec Bluenaranja, pour arriver à une solution acceptable, matériellement et psychologiquement, il faut se faire aider quand c'est trop difficile.

Il y a 14 ans, j'ai "mis mon fils dehors". Il avait 15 ans et est allé habiter chez mes parents. Nous étions en conflit permanent et je ne supportais pas qu'il fume du cannabis à la maison. (il a continué chez mes parents, et la situation a ensuite gravement empiré, mais c'est une autre histoire). A l'époque: bonne ou mauvaise décision de ma part? je ne sais pas. Etais-je égoïste en voulant préserver ma qualité de vie? Voulais-je me "débarrasser de lui"? Je ne crois pas? Je ne réfléchissais pas autant à l'époque et ne savais pas grand chose de la toxicomanie. Ma seule certitude, c'est que je ne pouvais pas vivre dans une ambiance perpétuelle de conflit, et que je ne pouvais accepter que mon fils se drogue à la maison.

Aujourd'hui, que ferais-je si mon fils n'avait plus de lieu d'accueil, (que ferai-je quand il n'aura plus ce lieu d'accueil) alors qu'il semble si ancré dans sa vie en marge, et que son état psychique est si altéré? Je ne sais pas. Nous ne pouvons pas vivre "ensemble", nous avons l'un comme l'autre besoin de distance. Alors, la solution pour l'heure je ne la connais pas, mais je n'envisage pas de cohabitation.

Et, pour autant, "le laisser prendre tous les risques", cela inclut le pire. Mais ce n'est pas comme inscrire son ado à un stage de canyoning, ce n'est pas comme le regarder, adulte, participer à des courses de moto, où là aussi il y a des risques. C'est tout autre chose, parce que s'y ajoutent sa souffrance, son malheur, l'énorme gâchis ... Alors, pour une mère, un père, ce "laissez-le prendre tous les risques", c'est presque pas audible. Je le comprends intellectuellement, je l'accepte même, mais pas dans ma chair.
Dans ma chair je ne { {{peux pas}} } livrer mon enfant -qu'il ait neuf, douze, trente ou cinquante ans- à la possibilité de mourir, à la possibilité de souffrir toute sa vie.

J'ai récemment pris quelques décisions concernant mon fils - et je sais que je serai amenée à en prendre d'autres - qui allaient dans ce sens de l'acceptation de la prise de risques. Sûre ou non de ces décisions, je ressens un vrai soulagement de les avoir prises: en fait, j'aurais été mal d'agir différemment. Peut-être que cela peut nous guider aussi: s'écouter très fort,interroger très fort comment on se sent, comment on sent la relation avec l'autre en faisant ça ou ça?
Perso, ça m'est très utile, mais je précise que je me nourris bcp de mon travail avec les aidants psy.

Euh, j'ai l'impression d'avoir été assez "fourre-tout" et nébuleuse. J'espère que ça ne vous empêchera pas d'apporter votre contribution!

Merci Bluenaranja pour ce sujet.
A tous amitiés.

Répondre au fil Retour