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Je n'ai plus le courage de me relever

Par Profil supprimé

Bonsoir,

Je m';appelle Amaury et j'aurai 18 ans en fin d'année. Voilà je n'ai plus du tout goût en la vie et je vais pour la première fois raconter pourquoi et comment j'en suis arrivé là.

Alors voilà quand j'étais petit je me suis fait abuser par un voisin de la famille, c'était un rapport bucco-génital, je devais avoir 10 ans. Je me scarifie depuis que j'ai genre 13/14 ans, au début au compas, puis aujourd'hui cutter + brûlure. A 14 ans je suis tombé dans l'anorexie (sans même être incité ou quoi par les pro-ana sur internet). En fait pendant 6 mois je n'ai mangé que des compotes et des pommes au point de devenir horriblement maigre, je me pesais 2/3 fois par jour, je faisais attention aux calories. Je commençais même à perdre mes cheveux. Puis un jour je me suis regardé dans le miroir, je me suis trouvé affreux et j'ai recommencé à manger. J'insiste sur le fait que je suis tombé dedans et m'en suis sorti tout seul, sans jamais voir de médecin, et puis mes parents (divorcés) ne se sont jamais inquiétés....

J'ai commencé à prendre des Stressam. Comme je voulais partir de chez moi le plus tôt possible, j'ai commencé à tout juste 15 ans à me prostituer auprès d'hommes pour mettre de l'argent de côté. Je me suis prostituer "intensivement' je voyais au début jusqu';à 5 hommes par semaine. A 16 ans je me prostituais encore et j'ai décidé d'arrêter les cours et à aller habiter chez un ami escort à Toulouse. J'ai quitté ma famille et mes amis. J'ai commencé à consommer de l'alcool pour supporter mes rendez-vous et rapidement j'ai mélangé alcool et médicaments (lexomil) à forte dose. Il n'y avait aucune règle en habitant chez mon ami, on ne faisait que nos rendez-vous escort, des soirées et du shopping... Pendant un an j'ai connu les palaces, Monaco, Paris, Genève..; Les vêtements de luxe... Mais tout cela avait un prix, je ne mangeais presque pas, je pensais constamment à mon apparence physique, j'ai changé ma gestuelle, mon comportement et mon parlé pour plaire d'avantage. Je n'étais jamais moi-même.

Et puis on m'a fait connaitre la cocaïne, j'ai apprécié. Du coup au lieu de dépenser mon argent en fringues et chaussures je m'achetais de la coke et de l'alcool. Puis un jour, lassé de la vie nocturne et du luxe (qui n'est au final que de la poudre au yeux) j'ai quitté mon ami de Toulouse pour aller vivre chez un homme plus âgé à Nantes. Il m'a fait connaitre la MDPV (une autre drogue), on en prenait du matin au soir (sans manger et en dormant 2/3 nuits par semaine) pendant 6 mois. A ma première utilisation de ce produit, au bout du 3ème jour sans dormir, j'ai vécu la pire expérience de toute ma vie. On allait se coucher (à minuit) et quand j'avais les yeux fermés je voyais hyper distinctement sur fond noir défiler toutes sortes d'araignées, de mygales et tarentules... Une différente par seconde, elles défilaient sans cesse. Ca m'a mis dans un état de stress immense, pas pu dormir de minuit à midi à cause de ces visions, j'étais trempé j'ai du perdre 3 ou 4 kilos à rester ainsi. Je croyais que je devenais fou. J'avais le mauvais pressentiment qu'en ouvrant les yeux j'allais avoir la vision de toutes ces araignées. A midi l'homme avec qui j'étais (il était paniqué) me dit d'ouvrir les yeux, je lui fais confiance et j'ouvre les yeux. Là, des centaines d'araignées (en "volume" ) recouvrent les murs et mon ami, bref il y en avait partout, j'ai cru que j'allais me jeter par la fenêtre. Heureusement juste en bas de l'appartement il y avait une clinique d'infirmière sage-femmes et elles ont appelées les pompiers me voyant ainsi. J'ai passé 5 jours à l’hôpital de Nantes, j'étais le premier cas sous MDPV. Avec le temps j'ai su que c'était en fait un "bad-trip" que j'avais eu et que fermer les yeux de minuit à midi n'avait que empirer les choses, en fait j'aurais du me changer les idées, mais dur à faire quand on a jamais entendu parler de bad-trip et qu'on croit donc qu'on devient fou... BREF, désolé pour ce long passage sur ce bad-trip mais c'est le premier que j'ai eu et il m'a traumatisé au point d'y penser tous les jours.

Donc en sortant de l’hôpital j'apprends que les pompiers en ont parlé aux gendarmes, j'ai donc été interrogé et envoyé au tribunal pour usage de stupéfiants. J'ai été condamné seulement à suivre une psy. Je devais allé la voir qu'une seule fois pour valider ma peine mais j'y suis retourné toutes les semaines. J'ai compris avec elle que les clients avaient fait de moi un objet et pleins d'autres choses sur moi. A coté de ça je prenais encore de la MDPV quasi quotidiennement. Ça a donc duré 6 mois. Ensuite je suis parti habité à Paris d'avril à août 2015, je ne me suis pas prostitué pendant toute cette période, la première chose que je faisais le matin était de prendre de la MDPV, je ne vivais plus que pour ça. Ça coupait la faim (première chose que je recherchais avec la drogue) et le sommeil puisque je ne dormais plus que deux nuits maximum par semaine. J'avais des grosses crises de paranoia et le manque de sommeil accentuait de jour en jour mes délires de "complots".

Fin aout ma mère a voulu me revoir, je suis donc redescendu chez elle. Je consommais de la drogue chez elle, et ces prises de drogue n'étaient depuis longtemps plus festives, j'étais addict. Je n'en pouvais plus de cette vie, sans perspective d'avenir, sans amis, mal dans mon corps, toujours aimé pour mon physique. Puis un jour je me suis retrouvé un matin sur un pont de la ville prêt à me jeter. Les pompiers sont arrivés, je suis parti en courant mais ils m'ont rattrapés. J'ai passé 3 mois en hôpital psychiatrique, mois pendant lesquels je consultais des psy et j'ai pris du poids. En sortant je détestais mon corps. J'ai tenu 5 mois sans prendre de drogue, j'ai retrouvé ma famille et mes amis, mais le poids était là et je n'avais plus du tout confiance en moi.

Puis début janvier 2016 j'ai commencé à prendre de la méthamphétamine et à ne plus manger, les résultats sur mon corps sont là et j'aime (presque) mon corps en tout cas la confiance est revenue. Puis mi janvier un ami a moi m'a fait connaître l'héroïne, on se pique tous les jours. Et aujourd'hui je suis paumé car plus rien n'a d'importance pour moi, ni mes amis, ni ma famille, ni la vie. En + je me bourre le crane toute la journée de blog pro-ana. Je suis complétement paumé, pas prostitué ni scarifié depuis 1 mois. Hero tous les jours. Pas sortie dans la rue depuis 1 mois.

Je voulais retourner à Nantes habiter avec l'homme d'avant mais après un suicide raté il vient d'entrer en hôpital psy lui aussi. Vous savez, quand on nous a toujours donné de l'importance, de l'amour et de l'argent à cause de notre physique c'est magique sur le moment car on se sent apprécié, entouré, aimé, on a de l'importance, on est "envié" mais quand on se retrouve le soir dans son lit on se dit qu'on est qu'un objet de désir, remplacé du jour au lendemain par ses clients (car les escorts sont nombreux), on se dit qu'on vit avec une date de péremption sur la tête et que c'est horrible car je n'étais bon qu'à ça et que sans l'importance que les clients ont pour moi je redeviens une m.... insignifiante. J'ai choisis la voie de la prostitution ou il faut constamment faire attention à son corps et ça a accentué mes problèmes d'anorexie. En+ ces hommes aimait le mon coté "jeune garçon" ce qui m'a fait perdre encore + confiance en moi. J'ai connu des centaines d'hommes qui m'ont fait comprendre (avec le temps) que je serais remplacé un jour. Avec l'héro je me sens merveilleusement bien, je retrouve confiance en moi, je saute des repas, je ne me pose aucune question sur le futur, mes amis et ma famille ne me manquent pas, je n'ai pas peur de la mort, je n'ai aucune douleur physique ou psychique. Et pourtant je sais que je vis dans le faux. Que toute la vie n'est qu'une erreur. Mais après ce que j'ai vécu c'est dur de se relever et de se battre. Oui parce que j'ai pas pu tout raconter pour pas vous saouler mais il m'est arrivé des bricoles du genre photos de moi nu prises par un client quand j'étais bourré et mises sur le net le lendemain, ou bien viol et coups par 3 mecs. Bref merci à ceux qui m'ont lu jusque là ! Ça fait du bien de tout balancer...

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2 réponses


Profil supprimé - 02/02/2016 à 11h57

J'ai bien pris le temps de lire ce que tu avais à dire, ton histoire me touche beaucoup.
En fait je pense que tu t'ai mis dans un engrenage tellement puissant qu'aujourd'hui cela te paraît impossible d'en sortir, sauf que c'est possible.
Ce que tu as du vivre ne peut être compris par personne à part toi-même, même moi je ne peux pas comprendre si j'essaye, même tes amis les plus proches ne pourraient pas comprendre.
Il faut tout d'abord que tu clôture ce lien qui te rattache à ton passé, il faut que tu te décides à tourner la page et à en écrire une nouvelle bien plus belle, pleine de positivité !
C'est en repensant à toutes les mauvaises choses que tu as vécu que ça continuera à mal se passer. Il faut que tu t'entoures de choses/personnes positives et pas nocives pour toi.
Je suis moi-même dans la drogue, depuis un petit moment et je ne suis pas encore prête à en sortir car je suis gravement dépendante... Mais en chaque personne il y a de la volonté, du courage, de la persévérance et il faut puiser au fond de toi pour trouver les ressources nécessaires pour pouvoir mettre toutes les chances de ton côté pour t'en sortir.
La drogue n'est qu'une illusion, quand tu retournes à la réalité tu te prends une énorme claque dans la gueule sans rien comprendre.
Je suis de tout cœur avec toi et n'hésite pas à me répondre si tu veux qu'on se parle en privé.

Courage !

mdb

Profil supprimé - 08/03/2016 à 19h52

Bonjour Amaury,

J'ai lu ton message, et tu aurais pu en écrire d'avantage, je t'aurais lu jusqu'au bout.
Ton histoire est particulièrement triste. Je suis homo, mais je n'ai jamais touché à la drogue. La drogue et l'alcool est quelque chose d'assez courant chez les homos malheureusement. C'est une échappatoire à la misère affective de nos vie, à la dureté de la vie, et à l'image dégradante que nous renvoie la société.
J'aimerais pouvoir discuter avec toi car il y bcp de choses à dire, et beaucoup d'encouragements à te donner.

J'aimerais savoir déjà si tu te définis comme étant homo ? Est-ce que la prostitution avec les hommes est venu parce que au final, tu as quand même une attirance pour les hommes ? Ou bien est ce une forme de réponse que tu as trouvé pour supporter le souvenir de ton viol, mais dans laquelle tu explores une sexualité qui n'est pas la tienne ?

Tu as tout à fait conscience des dégât de la drogue, et de la spirale infernale qu'elle entraine. D'ailleurs, tu n'es pas venu sur ce forum par hasard. C'est effectivement l'un des points importants de ton histoire.

Il faut que tu gardes une chose en toi, c'est la conviction de ton courage et de tes qualités. Même quand ça ne va pas, ou que tu n'as plus envie de rien. Le courage est là, planqué parfois, mais présent. Et les qualités qui sont en toi, tu ne les perdras jamais. Tu dois les connaître, et savoir que tu peux y compter, qu'elles sont les clés qui te permettront d'envisager un futur meilleurs.

Tu as eu le courage et l'objectivité pour comprendre l'anorexie et t'en sortir tout seul. Tu as aussi l'intelligence de comprendre la voie sans issue qu'est la prostitution. Objectivité, courage, intelligence, tu as les ressources pour envisager un avenir qui te sera d'avantage profitable.

Evidemment, il faut que tu sortes de tout ça, et pour la drogue, il faut que tu te fasse aider. Je ne suis pas le mieux placer pour t'en parler, mais il faut que tu trouves de l'aide pour t'en échapper. Et ne surtout pas retourner dans un environnement qui te referais tomber là dedans.

Tu as suffisamment souffert. Maintenant, tu as le droit d'aller mieux. Ce droit, c'est à toi de te l'accorder, et tu dois te donner les moyens d'y arriver. Tu en as l'intelligence, et tu en as le courage, alors n'hésite pas. Ne regarde plus la facilité. Demande toi à chaque fois ce qui le meilleur pour toi, à long terme, quel est la bonne décision pour ton bien être, pour l'avenir que tu souhaiterais avoir.

J'espère pouvoir te lire bientôt. Je te souhaite, au delà du courage, d'avoir confiance en toi, et de croire en ta réussite. Tu le mérites.

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