Profil supprimé - 13/12/2012 à 19h17

Bonsoir,

j'ai un fils âgé de 22 ans qui se drogue au cannabis depuis au moins 5 ou 6 ans, échecs à tous les étages aussi bien à l'école, qu'au travail que sur le plan sentimental, pire encore il est père d'une petite fille alors que rien n'était prêt pour l'accueillir : pas de travail, entente délicate avec sa partenaire qui n'est plus depuis.
Bref, nous sommes perdus avec ma femme. Je lui parle aussi d'une aide extérieure pour le sortir de là mais il ne le veut pas en me disant qu'il s'en sortira seul mais je sais bien (plusieurs tentatives ou pseudo tentatives vaines) qu'il n'y arrivera pas seul.
Quelle(s) technique(s) pouvez vous me donner, quelles personnes ou organismes aller voir ?
Nous ne sommes jamais allés voir un médecin ensemble pour en parler (refus de sa part également) avec les mêmes arguments, je m'en sortirai seul..

Profil supprimé - 14/12/2012 à 12h52

Bonjour Guismo,

Je suis le modérateur de ces forums. Quelques remarques, en espérant que d'autres Internautes puissent vous donner leur avis aussi.

Si vous avez sans doute raison sur le "papier", c'est-à-dire votre fils semble bien être en échec, dans une situation préoccupante et il a très certainement besoin d'une aide pour s'en sortir, vous êtes obligé cependant d'entendre ce qu'il vous dit et de voir comment vous pouvez vous en servir dans l'objectif qu'il s'en sorte.

Avec mon regard très extérieur et distancié, je peux entendre, c'est mon interprétation, que votre fils réclame que vous ne vous occupiez pas de ses affaires, que vous n'interveniez pas. Je comprends que de votre côté vous le perceviez comme particulièrement "irresponsable" et que cela soit de fait sans doute impossible pour vous à l'heure actuelle de vous dire qu'il peut se débrouiller seul. Et vous avez sans doute raison mais il va peut-être falloir faire semblant de le croire ou, plus positivement, croire en lui "malgré tout" et faire un pari sur l'avenir.

Compte tenu de son âge, 22 ans, âge où "normalement" on quitte le foyer familial pour commencer à s'assumer, je fais l'hypothèse que c'est un enjeu très fort pour lui de se débrouiller seul. Je le pense d'autant plus que même s'il a été manifestement incapable d'en évaluer les conséquences et la responsabilité, il a voulu avoir un enfant, devenir père, très jeune. Il a choisi une voie difficile, que le cannabis rend sans doute encore plus compliquée. Mais c'est néanmoins son "choix".

Bien sûr, comme il est en échec et surtout qu'il consomme une drogue assez démotivante, il y a peu de chances pour qu'il arrive réellement à des résultats très positifs {pour l'instant}. Cependant si vous prenez des décisions à sa place, si vous faites des choses à sa place, vous continuez en fait à faire en sorte qu'il ne soit pas capable de se débrouiller et vous l'empêchez de "mûrir". Je crois qu'il ne faut pas que vous ayez peur de son échec car c'est lui qui peut le mener vers une reprise en main. Beaucoup d'usagers de drogues, si ce n'est tous, commencent par dire qu'il vont s'en sortir seuls avant de pouvoir accepter une aide. Ils faut qu'ils en passent par là et échouent avant de réaliser que leur problème est bien plus grave qu'ils ne le pensent. Ce constat, la plupart du temps, ils ne peuvent accepter de l'entendre de leur entourage : il faut qu'ils le vivent pour le comprendre.

Je ne sais pas comment vous avez organisé votre "économie" familiale à son encontre mais je crois que vous devez examiner les aides que vous lui apportez et vous demander dans quelle mesure ou non elles peuvent contribuer à favoriser sa consommation. En effet, la plupart des parents offrent gîte et couvert à leur enfant, ce qui est a priori "normal" mais qui l'est beaucoup moins quand ce service entretient un certain confort qui laisse tout le champ libre à la consommation de cannabis. Pourquoi aller chercher du travail quand on est nourri et logé gratuitement ? Dans une telle situation - je ne sais pas si c'est la votre mais je préfère l'envisager - la consommation de cannabis perdure sans être assumée par personne : les parents se sentent impuissants, l'enfant, en grand échec, est incapable de mener une vie autonome dans laquelle le cannabis ne serait qu'une composante parmi d'autre de son existence (il prend au contraire toute la place).
J'attire votre attention sur ce point particulier parce que vous avez la possibilité ici d'abonder dans son sens ("je veux m'en sortir seul" pour justifier que vous lui réduisiez votre soutien financier et matériel. Quelle que soit votre situation, l'idée générale est en tout cas qu'en cessant de vouloir le "protéger" vous l'aidez peut-être à aller plus vite vers une solution.

Cesser de le protéger signifie que vous le laissez se confronter à ses mauvais choix et à ses erreurs, y compris le "je vais m'en sortir seul". Cependant cela ne signifie pas forcément que vous renoncez à l'aider ! Tout en lui montrant que vous avez compris qu'il essaye de s'en sortir seul et que vous respectez sa décision, vous restez à sa disposition s'il demande de l'aide.

Enfin l'aide que vous évoquez à la fin de votre message est une très bonne idée pour vous et vous n'avez pas besoin de votre fils pour y avoir droit. En effet, les Centres de Soins, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) et les consultations jeunes consommateurs reçoivent gratuitement les parents pour une évaluation de la situation, des conseils, un soutien. Cela peut vous aider à vous positionner et à trouver des pistes pour savoir comment vous comporter avec lui. Vous pouvez utiliser notre rubrique ["S'orienter"->http://www.drogues-info-service.fr/?-Adresses-utiles-], avec les critères "addictologie" et "soins", pour les retrouver.

L'exemple offert par Riri, que je remercie au passage, doit vous donner espoir. Cela peut prendre du temps pour qu'il s'en sorte et passe à autre chose mais vous devez avoir confiance en l'avenir et en ses capacités même si ce qui s'est passé ne vous y incite pas. Si en plus vous savez lui faire sentir que vous lui faites finalement confiance, alors vous renforcerez sa capacité à trouver des solutions, à "s'en sortir".

Bon courage !

Cordialement,

le modérateur.