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Mon frère fume, se détruit et détruit sa famille...

Par Maline

Bonjour,

J'envoie ce message comme une bouteille à la mer.

Voici le récit de notre histoire, celle de ma mère, de mon petit frère et de moi-même. Nous n'avons toujours été que trois, depuis mes 4 ans. Nous nous sommes construits, mon frère et moi, à partir d'une histoire familiale très complexe et douloureuse qui s'est déroulée avant mes 4 ans, l'année de sa naissance : Inceste de mon grand père, qui pousse ma mère à porter plainte et à rompre tout lien avec l'ensemble de notre famille. Mon père en devient alcoolique, elle divorce la même année, année de naissance de mon frère. (Nous avons 4 ans d'écart).

Mon frère nait donc dans ce contexte de rupture, de traumatismes. Ma mère nous élève seule (et avec brio). Malgré sa douleur, elle trouve les ressources pour nous protéger, nous aimer, et rend notre enfance heureuse, si bien que nous fonctionnons en "fusion" avec elle, encore aujourd'hui. Mon père décède lorsque mon frère a 7ans, d'une cirrhose due à son alcoolisme. Il n'a donc pas eu le temps de le connaitre, sinon à travers l'image un peu abstraite d'un "papa malade"...

Enfant, c'est un petit garçon joyeux, très sensible, très sociable... bien que très agité, ne tenant pas en place, je pense aujourd'hui qu'il était (et est toujours) atteint d'un trouble TDAH. A l'âge de 12ans, ses fréquentations et sa douleur refoulée le poussent à commencer à fumer du cannabis, et à boire. Très vite, il se retrouve en échec scolaire, et devant la justice pour de petits actes de délinquance. C'est un adolescent tumultueux, révolté contre le monde entier, contre toute forme d'autorité, la société, et surtout hypersensible. Ma mère (qui travaille dans le milieu de la psychiatrie) gère cela comme elle le peut : elle l'emmène voir de nombreux specialistes, pédopsychiatres, l'encourage à communiquer sans le juger, fixe des limites, le punit parfois, le réconforte, fais appel à des éducateurs spécialisés, à des acunpuncteurs… Il quitte l'école en 4ème, renvoyé encore une fois de son établissement.

Adolescent, il fume désormais toute la journée, et boit lorsqu'il n'a plus rien à fumer. Il vit chez ma mère, tente des CAP (3 différents au total), qu'il échoue et abandonne à chaque fois. Il échappe de justesse à la mort dans 3 accidents de la route. Il est complétement parano (théories du complot), se renferme sur lui-même, devient asocial, agressif, violent, je suis obligée de prendre des distances pour me protéger de lui, de sa toxicité. (C'est à cette période qu'il rencontre sa copine, avec qui il est aujourd'hui depuis 10ans.) Ma mère vit un enfer, elle voit mon frère s'autodétruire dans sa chambre, jusqu'à 24 ans. Il est odieux avec elle, lui parle très mal. Il est enfermédans shéma de dépendance vis-à-vis d'elle, qui le porte sans jamais vraiment se soummettre à ses caprices. Elle parvient à se protéger comme elle peut tout en l'aidant, portée par sa propre culpabilité et sa mission de "super maman".

Un jour, ses affaires judiciaires le rattrapent : en plein procès, il est obligé d'arrêter de fumer pendant 1 an. Je redécouvre mon petit frère, et me rend compte que lorsqu'il ne fume pas, il est dans un état normal, calme, posé. Nous pouvons parler, il écoute, répond, sans monter au quart de tour et sans explosions de rage. Nous passons de beaux moments en famille, ma mère respire… C'est à cette période qu'il quitte sa chambre d'ado et prend son premier appart. Il se met à travailler. C'est l'âge d'or de mon frère, et ce qui me fait dire que le vrai problème dans cette histoire, c'est la drogue… Car sans elle, il est tout à fait capable de faire face à ses blessures et à avancer, à construire sa vie.

Malheureusement, un an plus tard, ayant échappé au sursis, il replonge, et tout redevient comme avant (à la différence qu'il est maintenant chez lui, et ne fait plus subir son comportement à ma mère.) Pour lui, sa consommation et sa dépendance ne sont pas un problème, il n'est asbolument pas conscient de l'état dans lequel fumer le met, malgré toutes les discutions et les psys. C'est au contraire, selon lui, ce qui le sauve ! Il refuse d'être accompagné par un psy, il se berce d'illusions.

Il devient père en Juillet dernier, se promet de devenir "contraire du père qu'il a eu". Il arrête de faire des bétises et de se mettre en danger. Un mois plus tard, je déménage à l'autre bout de la France, ma mère décide de m'y suivre, obtient sa mutation. Mon frère et sa copine emmenagent chez elle pour qu'ils partent tous les quatre quelques semaines plus tard avec un seul camion, avec le bébé, me rejoindre…

Leur cohabitation les renvoie à l'adolecence de mon frère. Ma mère, dans un état de stress aigu à cause du déménagement, ne supporte pas et n'accepete plus, cette fois, la violence verbale de mon frère. Des crises très violentes ont lieu, mais ils décident de poursuivre le projet et de déménager et cohabiter ensemble malgré tout…

Arrivés dans le nord, mon frère n'a rien à fumer. Le premier jour, jour de sevrage, il explose, dit des horreurs à ma mère. "Je comprend pourquoi ta famille t'a rejeté…" "Pourquoi papa souffrait avec toi…" "C'est à cause de toi qu'il est devenu alcoolique, qu'il est mort"… Ma mère atteint son point de rupture. Ils sont désormais en rupture totale tout en vivant sous le même toit : pour se protéger, elle a décidé de couper les ponts, de "le rejeter". Je pense qu'elle a atteint sa limite. Mon frère n'a toujours pas conscience que c'est la drogue qui le met dans cet état, pour lui, on l'a "forcé" à venir et à déménager. Aujourd'hui, ils vendent tous leurs biens (dont les affaires du bébé), et ont acheté leurs billets de train pour retourner vivre dans le sud, sans argent, sans travail, sans logement. Ils vont être hébergés chez la mère de sa copine (qui est toxique elle aussi). Ma mère a sombré dans une sorte de dépression résiliente, complétement déconnectée de ses émotions, de sa douleur, épuisée, sans repères. Elle se repose sur moi. L'un et l'autre ne veulent plus se voir, sont animés d'une haine intense et douloureuse. Ils sont tous en dépression, clairement.

Je me sens reponsable de cette situation, ayant "poussé" ma famille à me rejoindre… Je ne sais plus quoi faire pour les aider, ni comment me protéger de cette situation. J'ai longueument analysé ce qui se jouait à travers les derniers événements : mon frère, en devenant père, a inconsciemment l'impression de "devenir mon père" ; ma mère a découvert la vie seule et ne veut plus porter son fils toute sa vie ; mon frère a besoin de sortir du schéma de dépendance vis-à-vis d'elle, et provoque cette rupture comme pour faire remonter ses traumas et se forcer à vivre sa vie en toute indépendance… Peut-être qu'il cherche ainsi à se libérer d'anciens shémas familiaux si lourds à porter…

Cependant, je suis triste de voir ma famille se détruire, sous l'influence du cannabis, qui rend la "forme" de tout cela extremement violente.

Merci d'avoir pris le temps de me lire et pour vos retours…

Bien à vous toutes et tous,

Maline

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