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Est-ce que je diabolise la consommation de cannabis ?

Par Savannah

Bonjour,

Mon conjoint âgé de 33 ans fume depuis ses 19 ans quotidiennement. Actuellement c’est 4 à 5 joints le soir après le travail et une dizaine le week-end sans parler des soirées avec les potes ( fumeurs au demeurant ).
Je ne sais pas comment l’aider à prendre conscience que sa conso n’est pas récréative et qu’il y a un véritable problème et surtout des conséquences sur le long terme à plusieurs niveaux. Déjà nous avons deux enfants et rien que de voir qu’ils le voient fumer et rouler sans gêne devant eux ça me consterne. J’essaie de ne pas le juger mais j’aimerais qu’il réagisse pour lui et pour notre devenir. Il trouve que lherbe c’est anodin et qu’il n’y a pas de répercussions. Est-ce que selon vous il a raison je diabolise sa consommation ? Après tout ce n’est pas une drogue dure? Certes mais il ne peut s’en passer des qu’il a une colère direct il va rouler ou pour dormir ou pour tout autre chose en fait… je suis perdue. Je l’aime bien sûr mais suis en proie à une réelle lassitude car je sais bien qu’il y a que lui qui peut décider de se faire aider et agir. Je pense que le produit va l’emporter sur notre couple et notre vie de famille…

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1 réponse


Lolabou - 26/03/2025 à 22h21

Bonjour Savannah,

Je me permets de te répondre car je vis à peu près la même situation que toi. En couple depuis plus de 3 ans avec mon conjoint consommateur de diverses drogues depuis ses 14 ans. Aujourd’hui il ne consomme plus que du cannabis et a drastiquement réduit sa consommation depuis que nous sommes ensemble. Il a des périodes sans et des périodes avec.

Contrairement à toi, je n’ai pas encore eu d’enfant avec lui, ce qui me permet peut-être de voir les choses autrement.

Je ne pense pas que le cannabis soit le problème en soit, mais plutôt la manière dont ils conçoivent leur relation à la substance. Inoffensive, ils ne font rien de mal et c’est finalement la faute de la société qui ne l’accepte pas comme elle accepte finalement l’alcool ou le tabac… Le mien n’est pas capable de prendre du recul sur ce que sa consommation fait sur sa vie, ni l’enfermement qui est le sien lorsqu’il est dans ses phases de consommation.

Je prends conscience au fil de tous nos désaccords (qui ne tournent d’ailleurs qu’autour de ce sujet quasiment) qu’il n’arrêtera pas. Pourquoi ? Parce qu’il ne le veut tout simplement pas. Ces amis sont des consommateurs. Ils vouent tous le même culte au cannabis, se dépannent les uns les autres et nous, conjointes en dehors de leur consommation, nous ne sommes finalement que des freins à cet élan que je me perds à appeler « immature et destructeur », car le cannabis ne leur apporte qu’un leurre, une manière de fuir la réalité de ce qui les entoure. Un de ses amis est un collègue en commun avec un avenir prometteur, côtoyer mon conjoint lui à donner la lubie de faire pousser lui-même… à mon ami de dire avec lucidité : «c’est triste, il est sur une lancée qu’il ne pourra plus arrêter». Un autre, jeune papa, qui ne sait vivre sans drogue et qui passe ses soirées à se péter la gueule chez des amis. Pourquoi diable continuent-ils alors d’alimenter leur travers entre eux et à tous se voir se décomposer devant les yeux des uns et des autres ? C’est une notion d’amitié qui me dépasse et je vois d’ailleurs ces gens plus comme des excuses pour justifier et rassurer leur propre consommation entre eux.

Naïvement, je pensais au début que je réussirais à le faire arrêter. J’ai déjà réussi l’exploit de le faire grandement diminuer mais je sais que dès que j’ai le dos tourné ou que je relâche du mou c’est de nouveau la débandade. Et il y trouve toujours de bonnes raisons : son anniversaire (qui du coup se retrouve en un mois de consommation), fêter le retour de son permis de conduire (fêter le retour par la reprise de la consommation de ce qui l’a fait perdre… cherchez la logique). Mais comment ai-je pu me leurrer si longtemps quand je faisais face à ces discours d’idolâtrie du produit ? À l’écouter le cannabis est la plus belle plante qui existe sur terre. J’aurais dû savoir que c’était perdu d’avance.

Je ne veux pas du rôle de la contrôleuse de consommation. Je suis lasse de toutes ces cachotteries et de tous ces projets qui n’avancent pas suite à ses neurones mis en vracs par la consommation. On parlait de déménager loin de tout ça. Jusqu’à ce qu’il est l’occasion de rencontrer de nouvelles connaissances consommatrices. Ils s’attirent comme des aimants c’est hallucinant.

J’ai posé plusieurs fois des ultimatums en vain. Il disait que j’étais son bonheur et qu’il me préférait au cannabis. On en aura beaucoup versés des larmes exclusivement à ce sujet. Mais il n’a aucune envie de sortir le cannabis de sa vie. Il n’a donc pour lui aucune raison de se faire suivre ou de se faire aider.

L’amour que je lui portais commence à tourner au dégoût pour être honnête, et la relation est devenue beaucoup trop bancale.

Je ne pense pas que ce témoignage puisse t’aider. Mais tu l’as dit : on ne peut pas la forcer si l’envie d’arrêter ne vient pas d’eux-même.

La banalisation et le déni sont trop forts.

Courage à toi dans cette épreuve Savannah, préserve-toi et tes enfants.

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