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Déboussolée

Par Volontaire

Bonjour,
Je ne pensais avoir un jour besoin de me connecter sur un site comme pour ce type de problèmes.
Ce matin, j'ai une boule dans la gorge, les tripes retournées, la nausée.
J'ai une fille de 20 ans, qui a subi un traumatisme avec son frère cadet (16 ans) il y a déjà 14 ans : leur papa s'est suicidé. Ma fille en grandissant (vers ses 15 ans) à développer des troubles du comportement. J'ai longtemps essayé de la faire suivre pour qu'elle aille mieux mais jusqu'à l'année dernière, elle était très fermée à cela (car les spécialistes du corps médical sont "des incompétents, ils ne comprennent rien, elle sait mieux qu'eux..."blunk
Depuis l'été dernier, elle a accepté de se faire suivre par une Psychiatre. Un TDAH a été détecté + de l'insomnie ++. Un traitement lourd pour cela a été mis en place (c'est long car il doit être ajusté pour fonctionner correctement).
En parallèle, malheureusement, ce traitement lui a fait perdre beaucoup de poids (maux de ventre). Aujourd'hui : 40 kg pour presque 1.70m (elle a perdu plus de 10kg).
Le profil de ma fille : en rébellion contre la société, associable, adepte des raves party et manifestations.
Lundi soir, de retour de l'école, elle me contacte pour me dire qu'elle sentait qu'elle allait faire un malaise dans le bus. Je réussie à la récupérer et m'occupe d'elle toute la soirée. Repos le lendemain à la maison. Hier soir, je découvre une bouteille de Vodka entamée dans sa chambre. J'en conclue que son malaise de lundi soir n'était sans doute pas dû (comme elle me l'a dit) à ses règles douloureuses mais plus certainement à cause de cette bouteille.
Je ne sais pas pourquoi, je décide de fouiller tous ses fonds de tiroirs. Je trouve : un sachet avec une image de cannabis dedans avec un fond de je ne sais quoi (reste de cannabis) ; des sachets avec des morceaux de trucs colorés, comme des petits cailloux (rose, blanc...) ; des "capsules" d'une forme identique, de différentes tailles dont une avec comme du sel cristallisé à l'intérieur, une avec des tous petits morceaux de papiers buvard avec une tâche dessus...
Bref. Je crois que j'ai raison de croire ce que je crois.
Je dois lui parler ce week-end (je n'ai pas voulu hier soir car jeudi/vendredi, il faut "tenir" : boulot, école, ses frères à gérer...). Et, à chaud, je n'étais pas en état d'échanger sereinement avec elle.
Je ne sais pas, je suis... déçue. J'ai toujours été là pour la soutenir, essayer de l'aider pour qu'elle aille mieux/bien, la tirer vers le haut pour qu'elle s'en sorte. J'ai toujours été ouverte d'esprit, compréhensive. J'ai comme un sentiment qu'elle s'est foutue de moi. Que je rame pour l'aider et que de son côté, finalement.......
J'avais besoin de vider mon sac. Je suis une maman battante, active, positive. Là, je me suis prise une grosse claque dans la figure. J'appréhende mon échange avec elle ce week-end. et après ?? C'est quoi la suite ??
Désolée, c'était long, merci de m'avoir lu et bon courage à vous.

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3 réponses


Kalo - 12/04/2025 à 21h51

Bonjour,

Je ne suis pas du tout une professionnelle. Mon avis est a prendre avec du recul. Je ne suis pas en mesure de donner des conseils applicables tel quels, mais seulement mon avis qui peut être une piste pour vous.

Votre fille semble d'une part avoir des difficultés : rébellion, trouble TDAH, traitement difficile physiquement, règles douloureuses, une situation familiale qui semble épuisante pour vous et peut-être pour elle aussi.

D'autre part, elle consommerait des stups. Ce qui est souvent le signe d'un besoin d'échapper à une situation réelle difficile et lourde.

Vu ces deux paramètres, mon avis, c'est qu'il faut surtout pas la stigmatiser.

Renseignez vous sur ce que sont les free party, en vérité ça rassemble surtout des personnes très sensibles aux problématiques politiques, économiques et climatique actuel. Ce n'est pas ce cauchemar que les médias décrivent.

Pour autant, les stups (comme l'alcool, le sucre, la clope...) présentent des risques, et il y a des facteurs favorisant leur consommation (dépression, manques de perspectives, difficultés à trouver ses marques dans ce monde ...). A ce titre rentrer en conflit avec votre enfant et développer un sentiment d'avoir été trahi risque plutot de renforcer les facteurs de risques que l'inverse.

Sachez, a titre de comparaison, que j'ai moi même été en rave de mes 14 ans à mes 25 ans, j'ai consommé des stups, et j'ai fait des études de droit jusqu'au master par ailleurs. C'est mon cas personnel, ce n'est pas une réalité statistique. Mais, disons que les signes que montre votre fille sont surtout un grand besoin d'être libre, ce qui est malheureusement bien compliqué de nos jours. Mais c'est une aspiration normale quand on a 20 ans.

Pour finir, je veux juste vous envoyer tout le courage qui m'est possible de vous envoyer. Votre inquiétude est normale, légitime, et avoir la responsabilité d'un enfant qu'on aime, qu'on éduque, et pour lequel on sue sang et eau depuis des années, lorsqu'il s'avère qu'il se trouve en situation de danger, c'est très difficile.

Essayez peut être de tempérer vos inquiétudes pour être plus à même d'en discuter calmement avec elle, de sorte qu'elle se sente en confiance avec vous pour aborder la question.Gardez confiance en votre fille qui semble tout à fait vive d'esprit par ailleurs. Ne perdez pas votre vigilance, mais voyez le comme un chemin a faire avec elle pour l'accompagner, mais avant tout la comprendre, et pas un combat entre vous. Il y a beaucoup de jeunes qui consomment des stupéfiants, tous ne deviennent pas accroc, tous ne subissent pas des effets dangereux. En revanche le risque est bien réel, et pour aborder ces questions là il faut le faire "en douceur" dans un échange qui nécessite aussi votre écoute.

Je vous envoie des ondes positives d'où je suis !

Jezab - 13/04/2025 à 10h57

Bonjour,

Je me permets de vous répondre, pas en tant que professionnelle de la santé mais en tant que adolescente qui a été comme votre fille. J'ai 35 ans maintenant.

J'ai moi même vécu une enfance difficile suite à certains drames familiaux et malgré la stabilité et le soutien sans faille que m'ont apporté mes parents, j'ai commencé à me droguer à 16 ans.
Je ne saurais vous expliquer exactement les mécanismes complexes qui rentrent en jeu mais c'est surtout signe d'une grande souffrance chez votre fille, qui cherche à fuir ce qu'elle ressent à travers ces produits.
Mais à aucun moment il ne faut le prendre contre vous. Ce n'est pas envers vous qu'elle fait cette trahison, c'est quelque chose à elle et seulement elle.
Faire du chantage émotionnel à des personnes dépendantes ne marche pas ("tu te rends compte tout ce que j'ai fait pour toi" "tu fais du mal à tes proches en faisant ça"blunk tant que la personne n'a pas pris conscience de ses troubles et ne commencent pas sa guérison ; ça va juste l'enjoindre à se cacher de vous et se renfermer encore plus.
Bien sûr, la complaisance ne sert à rien non plus : il va falloir l'aider en étant ferme. C'est un travail long et compliqué, qui doit surtout être amorcée par elle même, mais avant tout parlez avec elle. Rassurez là, vous êtes toujours sa maman et ça ne changera pas. Prenez rdv avec elle avec un addictologue dans un CSAPA.
Mais à aucun moment ne prenez ces actes de rébellion contre vous et ce que vous lui avez donné en tant que maman. Le combat contre l'addiction n'est pas un sprint, c'est un marathon long et douloureux. Il va falloir comprendre la racine de son mal-être, dans laquelle a pris ses sources son addiction.

J'ai actuellement un CDI dans un boulot que j'adore et où j'aide les autres, une maison. Ma maman a souffert des années à cause de moi, et elle est encore à l'affût du moindre dérapage. J'en suis sincèrement désolée, je n'ai jamais voulu la faire souffrir ; mais on est parfois aveugle aux autres quand on souffre trop de soi même. Actuellement je m'accroche pour prouver à mes parents qu'ils n'ont pas tout loupé avec moi, mais c'est le chemin d'une vie.
En tout cas, c'est le pire sentiment que d'entendre qu'ils pourraient être déçus de moi, alors que tout ça n'a jamais dépendu d'eux. C'était mon chemin de vie.

Un psy m'a un jour dit "À chaque instant tu fais du mieux que tu peux. Même les jours où tu as fait les pires choix, c'est qu'à cet instant là, c'était le mieux que ton mental pouvait faire." L'adolescence est difficile. Ne désespérez pas de pouvoir aider votre fille, en restant ferme mais aimante et le plus compréhensible possible.
Elle n'a pas fait ça pour vous décevoir ou vous blesser.

Bon courage à vous

Volontaire - 14/04/2025 à 09h20

Bonjour Kalo et Jezab,
Mille mercis d avoir pris le temps de m écrire. Ça fait du bien et me sens moins seule.
J ai pris le temps de parler avec elle samedi calmement pour comprendre et lui expliquer que je ne jugeais pas. Je lui ai dit qu en tant que maman, j avais peur et que j étais inquiète. Étant donné que je l ai surprise (pas dans le bon sens) en abordant le sujet, elle a été sur la défensive, et a beaucoup pleuré. Elle m a reproché d'avoir fouillé dans ses affaires et semblait abattue en pensant que désormais je n' aurais plus confiance en elle. Je lui ai dit que je m excusais d avoir regardé dans ses tiroirs mais que je voulais juste qu elle m explique pour que je comprenne où elle en était. Que dans la transparence je pouvais toujours avoir confiance en elle. Mais que je ne voulais juste pas de "dérapage" pour sa vie, sa santé, son avenir. Bref j espère m être exprimée au mieux. Quand on a pas la notice, c est dur.
Je suis une personne ouverte d'esprit, bienveillante. Je sais, en effet, comme vous le dites, qu elle est perdue dans ce monde de brutes (je suis d ailleurs d'accord avec elle, mais je dois lui montrer qu il faut se battre dans la vie).
Elle est partie en manif l après midi. Lorsqu elle est rentrée, je lui ai parlé normalement comme d habitude. Hier, elle n est pas restée toute la journée dans sa chambre. Elle m a aidée dans les tâches ménagères. J ai bien vu qu elle faisait l effort. Donc, j ai envie de continuer à lui faire confiance. Je la sens tellement fragile et en colère par rapport à notre Société (comme beaucoup de jeunes). Au fond de moi, je ne suis pas très optimiste pour l avenir des jeunes. Mais pffff.... Ça me fait mal...
Bonne journée et encore merci beaucoup pour votre avis très constructif...

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